"Nous déposons plainte contre les juges d'instruction et le procureur" annoncent les avocats de Cédric Jubillar
Coup de tonnerre. La défense se dit profondément scandalisée par l'ordonnance de mise en accusation.
Publié : 24 novembre 2023 à 11h19 par Brice Vidal
Ils font appel de l’ordonnance de mise en accusation, mais pas seulement.
Mes Emmanuelle Franck, Alexandre Martin et J-B Alary sont passés à l'offensive. "Il fallait communiquer de manière cohérente" expliquait, ce vendredi matin, Me Alexandre Martin. "Nous voulons dénoncer la maltraitance judiciaire" que subirait leur client, car "cette procédure est viciée par la conférence de presse du 18 juin 2021 du procureur Alzéari qui a présenté Cédric Jubillar comme le coupable." "Il y a une volonté des juges Audrey Assemat et Coralyne Chartier de regarder uniquement dans un sens : la culpabilité de Cédric Jubillar était acquise dès le début."
En droit français, le plaquiste - comme tout mis en cause - est présumé innocent jusqu'au terme de son procès, "tout au long de l'affaire nous avons dénoncé une instruction à charge" indiquent-ils.
Mais les avocats vont plus loin. Cette OMA est "une violation intolérable de l’Etat de droit", "indigne", "une horreur judiciaire". Malgré "tous les textes internationaux", "les magistrates ont osé écrire noir sur blanc que Cédric Jubillar était l’auteur du meurtre de sa femme" ; "c'est la première fois que je vois cela dans ma carrière d’avocat, en 32 ans de carrière" lâchait Me Martin.
La défense fait référence à cette phrase figurant dans l'ordonnance de mise en accusation : "l'ensemble des éléments recueillis lors de l'information judiciaire démontrent que Cédric Jubillar est l'auteur du meurtre de son épouse, qu'il est le dernier à l'avoir vue vivante". Outrés, ils qualifient le texte d' "ordonnance de culpabilité".
"Les magistrats doivent garantir la présomption d’innocence » soulignait Emmanuelle Franck pour qui "c’est un scandale démocratique d’avoir écrit cela". Une plainte pour "violation des règles déontologiques sera déposée devant le Conseil supérieur de la magistrature à l’encontre des juges d’instruction et du procureur Alzéari (ex procureur de Toulouse) " indiquaient les trois avocats.
Dans leur appel, les avocats demandent "à la chambre de l'instruction de prononcer la nullité de l'OMA", a précisé Me Jean-Baptiste Alary.
Si certains trouvaient la défense relativement discrète depuis le renvoi de Cédric Jubillar, via une ordonnance qualifiée de "fouillée et extrêmement précise"par des acteurs du dossier, force est de constater que les avocats du futur accusé déclenchent ce vendredi "une arme de destruction massive". Préparant peut-être aussi l'opinion au futur procès d'Albi en 2024. La guerre judiciaire semble bel et bien déclarée...