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Affaire Bouchon : va-t-on vers un fiasco judiciaire ?

Principal témoin malmené, avocat général qui marche avec la défense, l'issue du procès est plus qu'incertaine.

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20 mars 2019 à 10h35 par Brice Vidal

Laurent Dejean sera-t-il acquitté ? Faisant de l’affaire Patricia Bouchon un nouveau "cold case" de la chronique judiciaire toulousaine...

Cet homme de 39 ans, accusé d'avoir tué Patricia Bouchon, à Bouloc, en 2011 comparaît depuis jeudi 14 mars devant la Cour d’Assises de Haute-Garonne depuis jeudi.

Dans ce procès sans accusation et où la partie civile semble manquer de combativité, les avocats de la défense s'efforcent de le dépeindre comme un pauvre bougre sous curatelle, au mauvais endroit au mauvais moment. Et encore : était-ce lui dans ce véhicule suspect ?

 

Le témoin capital malmené

Ce mardi 19 mars, un témoin, voire LE témoin capital a été entendu. Nicolas Gélis affirme avoir reconnu Laurent Dejean le matin du meurtre vers 4h30 dans une Clio de couleur claire, tout près de là où courait Patricia Bouchon.
C'est lui qui a permis d'établir le portrait-robot menant à l'accusé. Le président Guillaume Roussel met la pression sur Nicolas Gelis : "Vous connaissez l'enjeu de vos déclarations". La vie d'un homme rien de moins.

Ce mardi, Nicolas a été hésitant, mis en difficulté par la défense et l’avocat général qui semblent tirer dans le même sens. "J'ai une bonne mémoire visuelle" affirme Nicolas. Mais la mémoire est parfois défaillante huit ans après les faits. Car, problème, il a changé de version (à la marge). Sur la couleur de la voiture : blanche, beige, gris anthracite ? Sur la distance qui le sépare de la voiture suspecte : 7m, 3m ou 1m50 ? Et sur les yeux de l'occupant du véhicule, il évoquera devant le juge d'instruction un regard "fuyant, surpris" des yeux "de psychotique" : description bien trop "orientée" selon la défense, qui argue que le témoin a pu être influencé par les enquêteurs. A la barre, il n'a aucun souvenir du fameux regard. Lors des dépositions, Nicolas affirmera aussi qu'il reconnait Dejean à 90%. Sauf que lors du tapissage des douze photos par les enquêteurs, il pointera plusieurs portraits, mais pas le visage de Laurent Dejean. Du côté de la partie civile, personne ne demandera clairement au témoin si dans le box est bien assis l'individu aperçu ce funeste matin du 14 février 2011...

 

L'accusé lui reste mutique, regard perdu. Comme absent. Enfermé dans sa camisole chimique. Dévoilera-t-il ses secrets vendredi lorsqu'il sera entendu par la Cour ? Ce devrait être l'autre moment fort de ce procès, avant le verdict attendu dans une dizaine de jours. 

 

 

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L'un des avocats de Laurent Dejean sous entend qu'il a été influencé par les enquêteurs afin de crédibiliser leur version. 

"A l'époque, il y a 12 portraits présentés avec celui de Laurent Dejean et il ne le reconnaît pas, rappelle Me Guy Debuisson. Son audition n'a rien apporté. Le témoin ne se souvient que de ce qu'il veut se souvenir. "

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Le verdict sera connu le 29 mars.

(Photo : Me Julliard, avocat de la partie civile avec Carlyne Bouchon)

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BV avec CF.