La CEDH rejette le recours des opposants à l'A69 perchés dans les arbres à Saïx, près de Castres
Quatre opposants au projet de l'autoroute Castres-Toulouse avaient saisi la Cour Européenne des Droits de l'Homme le 29 février 2024
Publié : 7 mars 2024 à 10h50 par Cécile Gabaude avec AFP
La Cour européenne des droits de l'homme a rejeté ce mercredi 06 mars 2024 le recours déposé contre l'Etat français par les opposants à l'A69, l'autoroute Toulouse-Castres, qui protestaient contre les méthodes employées par les forces de l'ordre pour les déloger des arbres où ils sont perchés.
Quatre opposants au projet autoroutier avaient saisi la CEDH le 29 février sur la base de la procédure d'urgence qui permet à l'instance européenne de demander l'application de mesures provisoires en cas de risque imminent de dommage irréparable. Ces militants, les "écureuils", occupent des arbres, qui doivent être abattus, à près de 15 mètres de hauteur depuis plus de deux semaines à Saïx, au lieu-dit La Crémade.
Ils dénonçaient les méthodes employées par les forces de l'ordre pour tenter de les déloger : déni d'accès à la nourriture et à l'eau potable, privation de sommeil, enfumage...Ils demandaient "l'adoption de dispositions visant notamment à assurer leur ravitaillement en eau et en vivres et à assurer leur sécurité", rappelle la cour de Strasbourg.
"La demande initiale a été ajournée et la Cour a posé des questions aux parties en indiquant des délais pour les réponses", poursuit la CEDH dans un communiqué. "Le 6 mars 2024 le juge de permanence a décidé, eu égard aux circonstances et après réception des réponses de chacune des parties, de ne pas indiquer au gouvernement, en vertu de l'article 39 du règlement, les mesures provisoires sollicitées."
Sur place, à Saïx, des "écureuils" restent perchés dans les arbres. Impossible d'évaluer précisément leur nombre sur les vidéos qu'ils postent sur les réseaux sociaux.
"Nous leur avons apporté quatre sacs lundi avec de la nourriture, des fruits et légumes, des chaussettes chaudes et des kits d'hygiène qu'ils ont pu faire monter grâce à des mousquetons reliés à des cordes", a déclaré à l'AFP Me Claire Dujardin, avocate des opposants.
"La Cour a indiqué qu'elle ne prononcerait pas de mesures provisoires, c'est-à-dire que dans la procédure d'urgence, au moment où elle statue, elle considère qu'elle n'a pas besoin d'enjoindre au gouvernement français de prendre des mesures", a-t-elle ajouté. "Est-ce qu'elle considère qu'il y a finalement accès à l'eau et à la nourriture et que les agissements (dénoncés) ont cessé ? Ou est-ce qu'elle considère qu'en fait, les demandes n'étaient pas fondées ? ça je ne sais pas parce que ce n'est pas motivé."
"Ce qui est clair, c'est qu'on sera vigilant sur ce qui va se passer dans les prochains jours et que s'il y a à nouveau une situation alarmante comme il y a une semaine-dix jours, on ressaisira la Cour, bien évidemment", a-t-elle encore insisté.