Affaire Jubillar. Plainte de la défense contre les juges "grotesque", selon l'avocat Philippe Pressecq
Mes Franck, Martin et Alary entendent porter plainte devant le Conseil supérieur de la magistrature pour une phrase écrite dans l'ordonnance de mise en accusation.
Publié : 24 novembre 2023 à 16h16 par Brice Vidal
L'annonce va faire couler beaucoup d'encre. Mes Franck, Martin et Alary, avocats de Cédric Jubillar, ont annoncé vendredi vouloir déposer plainte contre les juges d'instruction chargés de l'affaire Jubillar, ainsi que contre Dominique Alzéari ancien procureur de la République de Toulouse. Des plaintes pour "violation des règles déontologiques" devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM).
La défense estime que la présomption d'innocence a été bafouée dans l'ordonnance de mise en accusation (OMA), mais aussi lors de la conférence de presse du 18 juin 2021. Le procureur aurait dépeint Cédric Jubillar comme un coupable "auprès de la France entière" et les deux magistrates en charge de l'instruction écrivent dans leur OMA : "l'ensemble des éléments recueillis lors de l'information judiciaire démontre que Cédric Jubillar est l'auteur du meurtre de son épouse." Une phrase qui ne passe pas pour le trio de défenseurs du plaquiste tarnais.
Comment estimer qu'il s'agit d'un meurtre sans l'écrire ?
Philippe Pressecq est avocat de la partie civile dans le dossier Jubillar, il représente les intérêts de Lolita, la cousine de Delphine. Il ne mâche pas ses mots après avoir pris connaissance de la nouvelle, "avec tout le respect que je dois à mes confrères, je trouve la démarche quelque peu grotesque, il n'y a aucun scandale et aucune matière à s'émouvoir dans les termes employés par les juges d'instruction". "La phrase qui choque tellement les conseils de Cédric Jubillar, c'est très exactement la phrase qui correspond aux prescriptions de l'article 180 du code de procédure pénale". Pour l'avocat albigeois "je ne vois pas comment les juges d'instruction pourraient estimer que les faits commis par Cédric Jubillar constituent le crime de meurtre sans l'écrire."
Selon une source judiciaire très au fait du dossier et contactée ce vendredi ; "un juge d'instruction instruit à charge et à décharge et doit expliquer lors du renvoi ce qui a emporté sa conviction", "il faut vraiment que la défense n'ai plus d'argument pour s'en prendre directement aux personnes et à ce qu'écrivent tous les juges d'instruction de France" ajoutant "cette plainte au CSM n'a aucune chance d'aboutir"...