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A69. Une vidéo met hors de cause un manifestant interpellé sur la ZAD de la Crémade

Un étudiant rennais de 19 ans était jugé ce jeudi 23 novembre 2023 devant le tribunal de Castres, suspecté de jet de pierres à l'encontre des forces de l'ordre sur la ZAD de la Crémade. Une version des gendarmes battue en brèche par une vidéo diffusée en ligne.

L'audience doit démarrer à 9h devant le tribunal de Castres

Publié : 23 novembre 2023 à 17h19 par Axel Mahrouga

Les déclarations des gendarmes semblaient empreintes de certitudes, mais à la barre, le jeune homme reste inflexible. Les jets de pierres, les coups de pied ? « Je conteste ». 

Ce jeudi 23 novembre 2023, un étudiant rennais de 19 ans était jugé devant le Tribunal de Castres ( Tarn ). Il lui était reproché d'avoir jeté des pierres sur les gendarmes, en marge de l'évacuation de la ZAD de la Crémade, le 22 octobre dernier. Le prévenu était également poursuivi pour le port d'un couteau sans motif légitime. 

Selon les militaires qui l'ont interpellé, le Rennais avait été repéré, lançant des pierres en leur direction. La présidente du tribunal, lit les déclarations de l'un des gendarmes. « Il était en face de nous, on l'a clairement identifié ». Ils décrivent un homme d'une vingtaine d'années, à la corpulence mince, habillé en noir ce jour-là, portant un masque de chantier et coiffé d'une queue-de-cheval. Un signalement qui colle au prévenu cet après-midi à la barre. 

Son interpellation a eu lieu lors « d'un bond offensif » des forces de l'ordre et, selon leur version, l'étudiant leur aurait porté des coups de pieds encaissés par leurs jambières. « J'ai été interpellé dans le tas, au hasard, et il fallait trouver un motif », déclare-t-il devant les juges.


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Une vidéo vient contredire la version des gendarmes.

 

Mais plutôt que des longs discours, l'avocate du prévenu, maître Claire Dujardin présente un extrait vidéo sur les écrans du tribunal, qui vient battre en brèche le récit des gendarmes. Sur un reportage diffusé sur YouTube, le moment de l'interpellation du prévenu est directement filmé. On le voit former une chaîne humaine et être amené à l'arrière du cordon de gendarmerie lors de ce « bond offensif ». Aucun jet de pierres n'est visible, ni de coups apparents. « On peut apercevoir quelqu'un qui a une tenue, et en interpeller un autre », fait remarquer le conseil. 

Le chaos relatif pendant la charge des gendarmes doit également mettre le doute sur les supposés coups infligés aux militaires. « Les policiers disent qu'il a donné des coups, on peut très bien imaginer que ce n'est pas lui, il y avait 2 - 3 personnes autour ». 

Concernant le port d'arme, les gendarmes ont trouvé sur le prévenu un couteau de type opinel, gravé du prénom du jeune homme, lors des palpations suivant son interpellation. « J'étais en train de me faire un sandwich au thon », se justifie le prévenu. L'intervention a démarré peu après midi et les gendarmes sont entrés sur la ZAD à 12 h 47 selon un journal de bord tenu par les militaires sur place. 

« Le doute doit profiter au prévenu. »


Devant ces éléments, le substitut du procureur de la république de Castres, Freddy Marta, demande la relaxe concernant les faits de violence. « La vidéo contredit les déclarations des deux agents [...] elle met un doute sur la crédibilité de ces déclarations. Le doute doit profiter au prévenu ». Le parquet considère cependant les faits de rébellion caractérisés « par le fait qu'il parte dans l'autre sens » au moment où le gendarme attrape le prévenu par le col. 

Après délibération, l'étudiant venu pour « manifester pacifiquement », sera relaxé des faits de violence, mais également de rébellion. Les juges le condamneront cependant à 300 euros d'amende avec sursis pour le port du couteau. Soulagé, le jeune homme quitte la barre et serre dans ses bras sa petite amie, venue assister au procès.