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A69. Y a-t-il vraiment eu 9 interpellations lors de l'évacuation de la ZAD près de Castres ?

Des éléments violents ont-ils été placés en garde à vue et pour quels motifs ? Quelles seront les suites judiciaires ? Pas simple mais on vous explique.

L'évacuation de la ZAD dimanche
L'évacuation de la ZAD dimanche
Crédit : @100%Radio

23 octobre 2023 à 16h45 par Brice Vidal avec AM

Au PC sécurité de Lagarrigue, préfet et gendarmes affirmaient dimanche soir que 9 personnes avaient été interpellées lors de l'évacuation de la ZAD à Saïx, après les 7 arrestations samedi en marge de la manifestation anti-A69. Pour autant, ces individus n'ont pas tous été placés en garde à vue, et la plupart ne vont pas être confrontés à un magistrat tout de suite, explication.

 

Une seule garde à vue

Selon le parquet de Castres ce lundi, neuf personnes ont été « appréhendées » par les gendarmes mobiles et remises aux officiers de police judiciaire. La justice emploie le mot "appréhendé" à dessein. En effet, parmi ces 9 personnes une seule a été placée en garde à vue. Il s'agit d'un jeune homme de 19 ans, sans antécédent judiciaire, pour des violences volontaires en réunion avec arme (projectiles) commises sur des gendarmes mobiles. Il est toujours entendu à l'heure où nous écrivons ces lignes.

En fait sur les neuf, 4 zadistes ont été auditionnés librement (sans placement en garde à vue) pour les délits "d’introduction par voie de fait et maintien dans un local d’habitation et/ou agricole" ainsi "qu’installation en réunion sur le terrain d’autrui". Des personnes laissées libres "dans l’attente de la poursuite de l’enquête qui vise à identifier davantage de personnes". Par ailleurs, 3 personnes ont été "contrôlées en vue d’une audition ultérieure pour les mêmes faits."  Soit 7 personnes relâchées en attendant des investigations complémentaires. 

Enfin, une personne a été laissée libre "après analyse juridique de ses agissements qui ne pouvaient revêtir une quelconque qualification pénale" ; en langage commun : rien à lui reprocher.

 

Le parquet s'explique

Le parquet de Castres précise que "les capacités de placement en garde à vue ont été réservées aux personnes qui commettraient des violences et des dégradations sur les gendarmes mobiles et sur les CRS accompagnant les officiers de police judiciaires dans leurs constatations". 200 à 300 Black blocs ont été recensés dimanche vers 13 heures, "au début de l’opération judiciaire". Au final "même si plusieurs individus ont agressé les forces de l’ordre par jets de pierres, un seul a pu être interpellé". Le dispositif a permis "de rapidement faire cesser les actions violentes sur les forces de l’ordre" conclut l'autorité judiciaire.

 

Une comparution immédiate quand même

Ce lundi un habitant de Saurat (Ariège) a été déféré et devait être jugé en comparution immédiate par le tribunal de Castres. Il lui est reproché d’avoir, samedi, foncé sur un barrage de police à vélo en marge de la manifestation. Le prévenu a demandé un délai pour préparer sa défense. Il sera jugé le 27 novembre et a été placé sous contrôle judiciaire : il a interdiction de paraître dans le Tarn d'ici l'audience. Bilan : si la cellule anti-ZAD a empêché les opposants de s'installer durablement près du  chantier, elle n'a visiblement pas aidé à mieux caractériser les infractions pénales commises par les Black Blocs. Toujours aussi insaisissables.