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Violée, torturée, réduite en esclavage : l’insoutenable récit des violences subies par Aurélie au sud de Toulouse

Personnalité vulnérable, elle a été traitée pire qu’un animal par une autre femme jugée à partir d'aujourd'hui.

La victime, Aurélie, à l'ouverture du procès de son bourreau
Crédit : @100Radio

22 mai 2023 à 14h43 par Brice Vidal

Le 23 mai 2019, une jeune femme dépose plainte à la gendarmerie de Tonneins, en Lot-et-Garonne, d’où elle est originaire. Visage déformé, corps tuméfié, Aurélie * va décrire des scènes d’une violence inouïe. Aujourd’hui âgée de 30 ans cette femme a vécu un véritable calvaire au sud de Toulouse. Sous emprise, elle acceptera d’être installée dans un huis clos sordide par son petit ami originaire de la communauté des gens du voyage, Willy. La sœur de ce dernier, Alexandra Gimenez, va alors la maintenir sous emprise. La torturer. Par peur des représailles, la victime fragile ne fuira pas, alors qu’elle est traitée pire qu’un animal, dormant pendant des mois à même le sol.  

  

L’accusée se défoulait sur la victime et sur ses propres enfants

Dans des habitations de Carbonne et Montesquieu-Volvestre entre 2017 et 2019, Alexandra va contrôler ce que la victime mange, boit. Elle lui interdit de téléphoner et vide son compte en banque. Violences et humiliations seront quotidiennes : coups de poings, étranglement, Gimenez tape la tête d’Aurélie contre la faïence de la salle de bains. Elle la mord au front, la brûle dans le four, l’attache au radiateur, la taillade. « Je veux que tu crèves, je vais t’enlever ton âme » hurle la gitane qui finira – selon l’accusation - par la violer avec un rouleau à pâtisserie et lui urinera sur le visage.

Tout cela devant ses enfants qui sont encouragés à frapper Aurélie et à la bâillonner pour étouffer ses cris. Les cinq mineurs sont partie civile au procès qui débutait ce lundi matin devant la Cour d’assises de Haute-Garonne. Car eux aussi étaient régulièrement frappés à coups de spatule ou de câble par leur mère qui leur plonge la tête dans les toilettes avant de tirer la chasse. Avec son frère Sony, accusé de complicité, Alexandra Gimenez risque la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits de séquestration, viol, tortures et actes de barbarie ; mais aussi extorsion et violences sur mineurs par ascendant.   

 

« Un démon »

« Elle m’aurait tué, c’est un démon » témoigne de sa petite voix la victime. Celle qui affiche encore une oreille mutilée par les coups incessants a tenu à un procès public et non un huis clos. « On est sur des faits tout en haut de l’échelle de l’horreur » confirme Me Sylvia Goudenège-Chauvin un de ses avocats qui soulignait « son courage ». Pour mettre fin au calvaire, l'ex mari de l'accusée et père des enfants a attendu que celle-ci soit en garde à vue pour conduite sans permis, pour exfiltrer Aurélie et les minots. Et l'enquête a pu véritablement débuter. 

Lundi après que le président Noël Picco énonce les faits quasi insoutenables, Alexandra Gimenez fulmine « moi une violeuse ? » hurle-t-elle à la première suspension d’audience. L’accusée, récidiviste de séquestration, reconnaît les violences mais nie la pénétration. Les lésions sur le corps de la victime laissent pourtant peu de place au doute ; « entre le blanc et le noir il y a toute une palette de gris et nous sommes dans un contexte familial extrêmement carencé » assure l’un de ses avocats Me Frédéric Dutin pour qui « Mme Gimenez a la volonté de dire les choses et clamer son innocence sur certains aspects du dossier. » De son box, la Tarn-et-garonnaise cherche tantôt le regard de sa victime, tantôt celui de son ex-mari ou de ses enfants avec qui elle n’a plus de contact. Comme si elle pouvait encore les terroriser. Verdict attendu jeudi ou vendredi.  

 

* Le prénom a été changé à sa demande.

Me Sylvia Goudenège-Chauvin un des avocats de la victime.
Me Sylvia Goudenège-Chauvin un des avocats de la victime.
Crédit : @100Radio