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Toulouse. Plusieurs familles à la rue logées dans deux écoles

Plusieurs familles de sans-abri ont trouvé refuge dans deux écoles de Toulouse dans la nuit du lundi 20 novembre au mardi 21 à l'initiative d'un collectif de parents d'élèves et d'enseignants. D'autres réquisitions d'écoles sont prévues.

Une famille à la rue a passé la nuit à l'école Didier Daurat
Une famille à la rue a passé la nuit à l'école Didier Daurat
Crédit : © Alex Jehanno

22 novembre 2023 à 16h14 par Elie Gaubert

"Depuis ce lundi soir 20 novembre, nous dormons dans les écoles Daurat et Calas-Dupont pour mettre à l'abri des familles qui dorment dehors. Nous demandons le relogement de toutes les personnes mises à la rue sur la décision de la préfecture d'expulser les hébergements d'urgence". C'est par ces mots que le collectif  "Jamais sans toit dans mon école", fondé par des parents d'élèves et des enseignants, a annoncé que plusieurs familles à la rue seraient logées dans deux écoles toulousaines. L'objectif est clair, explicite : mettre la pression sur la mairie et la préfecture, afin de créer un rapport de force.

Le mouvement essaye maintenant de s'organiser afin que l'école puisse accueillir les élèves la journée et les familles le soir. Florent*, un enseignant membre du collectif, nous précise : "En soirée, il y a des tours de ménage et de cuisine. Mais, à partir du moment où les enfants arrivent à l'école le matin, les locaux sont libérés par les familles." Le collectif prévient : les réquisitions d'écoles pourraient se poursuivre et certains établissements se prépareraient à recevoir d'autres familles.

Combat judiciaire

Pour comprendre cette action, il faut remonter au début du mois de novembre. Plusieurs associations s'étaient mobilisées contre la décision de la préfecture de Haute-Garonne de mettre fin à la prise en charge de familles sans domicile à l'hôtel. Elles ont déposé un recours contre cette décision mais celui-ci a été rejeté par le tribunal administratif de Toulouse le 8 novembre.

Mais, le combat est loin d'être terminé pour Anne-Claire Hochodel, déléguée régionale de la Fédération des acteurs de la solidarité : "Nous sommes déçus que le juge n'ait pas trouvé notre requête urgente. Nous parlons de l'urgence de la situation des familles, lui de l'urgence de la procédure. Il juge sur la forme mais pas le fond. Sur le fond, nous n'avons pas encore perdu. On attend avec impatience la prochaine audience". La date de cette prochaine étape n'a pour l'heure pas été communiquée. 

Combat politique

Ce lundi, le député de la France Insoumise, François Piquemal annonçait sur X passer la nuit dans une de ces écoles en soutien aux familles à la rue. "Comment pouvons-nous accepter que plus de 3.000 enfants vivent dans le froid et l'insécurité dans notre pays ?". Interrogé ce mardi par La Dépêche, Jean-Luc Moudenc n'a pas tardé à lui répondre en dénonçant des "occupations mises en oeuvre par des collectifs très politisés, très proches de la France Insoumise." Le président de Toulouse Métropole a aussi dénoncé l'illégalité et l'insécurité qu'engendre ces occupations. 

Le maire de la ville a "enclenché des procédures d'expulsion" des familles. Pour reloger ces familles, il propose une alternative à la préfecture en mettant à disposition "un immeuble, propriété de la collectivité, pour la période hivernale, qui puisse accueillir une centaine de personnes". 

 

*Prénom changé à la demande de l'intéressé