TARN: passe d'armes sur des accusations de "falsification" de la procédure au procès de Cédric Jubillar

La défense a mis en lumière de possibles manquements des enquêteurs

Tribunal albi
Le palais de justice d'Albi où est jugé Cédric Jubillar
Crédit : La rédaction 100% Radio

Publié : 7 octobre 2025 à 8h21 par Cécile Gabaude avec AFP

Les avocats de Cédric Jubillar ont accusé ce lundi (6 octobre 2025) les enquêteurs d'avoir "falsifié" la procédure au terme de laquelle leur client a été renvoyé devant les assises du Tarn pour avoir tué son épouse, les parties civiles dénonçant "un coup de théâtre qui n'en est pas un".

"Nous assistons à un véritable scandale, une procédure qui est falsifiée", a dénoncé en marge de l'audience Me Alexandre Martin, après avoir, devant la cour, estimé que les enquêteurs avaient "volontairement caché" le bornage du téléphone de l'amant de Delphine Jubillar, la nuit de la disparition de son domicile à Cagnac-les-Mines (Tarn). "Je n'ai jamais été à Cagnac-les-Mines", avait auparavant assuré cet homme de 44 ans prénommé Jean et domicilié à Montauban. "Vous êtes sur une liste des numéros recensés sur la couverture du domicile Jubillar la nuit de la disparition", lui a rétorqué l'autre conseil de l'accusé, Emmanuelle Franck.

Selon la défense, le numéro de téléphone de l'amant figure parmi les centaines de numéros détectés entre 22H00 et 6H00 par le relais téléphonique couvrant le domicile des Jubillar. Pire, selon eux, les gendarmes ont isolé plus de 200 numéros appartenant à des personnes domiciliées loin du village et donc potentiellement suspectes, et le numéro de l'amant y figurait. Or une fois des réquisitions téléphoniques émises, le procès verbal concernant son numéro reste, selon Mes Franck et Martin, le seul manquant.

Il y a "forcément une explication informatique" à ce phénomène, a réagi à la barre le témoin. "C'est la démonstration que les gendarmes n'ont cherché qu'une piste. (...) Quand on est capable de falsifier un dossier, c'est qu'on n'a pas voulu chercher ailleurs pour préserver la piste, et l'unique piste qui les intéresse depuis le premier jour, celle de Cédric Jubillar", a ajouté, hors audience, Me Martin.

 "Les médias ont relayé un coup de théâtre qui n'en est pas un", a tonné à la reprise d'audience Me Laurent Boguet, avocat des enfants du couple, notant que la cour avait déjà, en deux semaines de débats, entendu "quatre ou cinq experts à qui on aurait pu judicieusement adresser ce genre de questions". "On essaie d'utiliser des non-dit et de ne pas poser, quand il le faudrait, certaines questions pour en faire a posteriori des scandales", a abondé son confrère Laurent de Caunes, qui représente les frères et soeur de la disparue.

 Plusieurs avocats des parties civiles ont par ailleurs regretté que la défense ne leur ait pas communiqué à l'avance leurs conclusions et leur demande d'expertises complémentaires, afin de permettre de débattre de ce sujet très technique. L'hypothèse d'une implication de l'amant dans la disparition de Delphine ne permet en outre pas d'expliquer la façon dont le téléphone de l'infirmière a été déverrouillé à 6H52 sans avoir quitté la zone de Cagnac-les-Mines, étant donné qu'il embauchait ce jour-là à 6H00 au magasin de bricolage où il travaillait, a estimé Me Mourad Battikh, l'avocat de cousins de la disparue.

Défense comme avocats généraux sont convenus qu'il serait "opportun" d'entendre le gendarme auteur de la liste des numéros et de chercher à recouvrer le procès verbal manquant, mais via une "tierce personne", a demandé Me Martin, qui a déclaré n'avoir "plus confiance dans les gendarmes".

Ces requêtes ont été mises en délibéré par la présidente Hélène Ratinaud.