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Sursis pour deux militants écologistes jugés pour avoir interrompu un match de Top 14 à Toulouse

Les militants du collectif "Dernière Rénovation" ont annoncé leur intention de faire appel.

Les militants de Dernière Rénovation venus soutenir les prévenus
Crédit : @100Radio

10 mai 2023 à 18h49 par Brice Vidal

Deux jeunes militants soutenant le collectif écologiste Dernière Rénovation condamnés à 2 mois de prison avec sursis lors d’une audience correctionnelle à Toulouse ce mercredi, pour avoir interrompu un match du Stade Toulousain. Le 5 novembre 2022, la rencontre entre Toulouse et le Stade Français avait dû être stoppée pendant 6 minutes  au quart d’heure de jeu, dans un stade Ernest-Wallon à guichets fermés. Les prévenus sont également condamnés à une interdiction de stade pendant 2 ans et ils devront verser plus de 7000 euros au club, au titre du préjudice matériel. 

 

12 000 euros de préjudice selon le club

Munis de chaussures d’escalade, les deux activistes étaient montés aux perches d’en-but, s’y attachant avec des serflex et arborant des tee-shirts portant notamment les inscriptions « il nous reste 872 jours ». Le Stade Toulouse, représenté à l’audience par son directeur administratif Jean-Luc Brumont, se portait partie civile. Le club, qui a dû payer environ 7000 euros pour réparer les poteaux et 5000 euros réclamés par la Ligue nationale de rugby pour l’interruption, demandait le remboursement du préjudice. 

La procureure de la République Magali Bordes a requis mercredi 3 mois de prison avec sursis et 3 ans d’interdiction de stade, pour dégradations volontaires et trouble au déroulement d’une compétition sportive, à l’encontre des deux jeunes hommes sans antécédents judiciaires. Les prévenus, Erwan et Jean, reconnaissaient les faits ; « comme citoyen, pour défendre le vivant j’ai fait des marches, des pétitions et nous sommes contraints à la désobéissance civile pour nous faire entendre » expliquaient-ils. Plusieurs témoins cités par la défense soulignaient l’état de nécessité climatique  pour justifier l’action des deux militants. 

 

Un rassemblement en marge du procès

La défense demandait la relaxe. L’une des avocates, Me Clémence Durand, plaidait notamment l’état de nécessité, soulignant que « leur action n’a pas été dirigée contre le Stade Toulousain » et « le caractère répréhensible de l’acte est neutralisé par la protection des personnes et des biens » car « le réchauffement climatique constitue un péril imminent. » Les avocates de la défense, Mes Clémence Durand et Claire Dujardin, ont annoncé leur intention de faire appel. 

« Je suis sidéré à quel point on vient criminaliser des citoyens qui défendent le vivant » réagissait Erwan un des prévenus. Pour Claire Dujardin le tribunal a probablement voulu faire un exemple dans un contexte où « la loi JO 2024 a été adoptée et aggrave les peines », « cette peine est un signal »   

Mercredi à la mi-journée, 100 à 150 militants issus de plusieurs organisations de défense de l’environnement s’étaient rassemblés devant le Palais de Justice de Toulouse, pour un pique-nique et des prises de parole. Dernière Rénovation est une campagne de résistance civile visant à obtenir un plan de rénovation thermique des bâtiments à la hauteur de l’urgence.

 

 

 

Erwan, un des prévenus.
Crédit : @100Radio