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Sécheresse : malgré des économies d'eau notables, la majeure partie des Pyrénées-Orientales reste en situation de crise

Le préfet publie ce mardi un nouvel arrêté départemental sur la gestion de l'eau. Les restrictions déjà en place ne bougent pas pour la vallée de la Têt et de l'Agly, à l'inverse du secteur de la Cerdagne qui passe en niveau d'alerte simple.

Sécheresse Pyrénées-Orientales
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13 juin 2023 à 15h12 par John Bourgeois

Plus d'un mois après les premières mesures de crise liées à la sécheresse inédite, un nouvel arrêté est publié ce mardi 13 juin par la préfecture des Pyrénées-Orientales. Il prévoit le maintien des dispositions prises le 10 mai dernier sur la vallée de l'Agly et de la Têt, en niveau de "crise sécheresse" (plus haut niveau d'alerte), mais le passage en niveau "d'alerte simple" en Cerdagne (deuxième niveau d'alerte). Si "l'effort collectif" demandé par les services de l'Etat sur la gestion de l'eau a porté ses fruits, et que quelques précipitations successives ont été enregistrées dans le département, la situation est encore trop préoccupante pour lever les principales restrictions. 

Une situation "mieux orientée" 

"Nous sommes plus confiants sur la capacité à tenir la période estivale sur les usages prioritaires de l'eau", déclare ce mardi le préfet des Pyrénées-Orientales. Rodrigue Furcy parle de situation "mieux orientée", d'une part, parce que les stocks d'eau des barrages ont été en partie reconstitués. Grâce aux derniers orages porteurs de pluies, et aux économies sur l'irrigation agricole, le barrage de Vinça est par exemple passé de 11 millions de m3 d'eau à 24 millions de m3 en quelques semaines. Le barrage des Bouillouses est lui aussi "en train de se remplir". La situation est un peu moins favorable pour celui de Caramany. 

C'est en montagne que les précipitations orageuses ont fait le plus de bien. C'est notamment pour cela que le niveau d'alerte est abaissé en Cerdagne*. Pour ce qui est des nappes phréatiques, il n'y a pas non plus de quoi se réjouir trop vite selon le préfet. "On note quelques améliorations sur certains secteurs, mème si les nappes restent un peu impayées par les précipitations". D'ailleurs, les 17 jours consécutifs d'orages dans le Sud de la France n'ont pas suffi à renverser la vapeur sur une majeure partie du pays catalan. "Les pluies sont restées déficitaires sur la plaine du Roussillon", indique Rodrigue Furcy. 

La vallée de l'Agly concentre elle une grande partie de l'attention des pouvoirs publics. C'est dans ce secteur que plus d'une centaine d'hectares de vergers sont menacés par la sécheresse, et font craindre le pire aux arboriculteurs. Ces derniers ne peuvent pas encore puiser dans le barrage de Caramany, toujours pas assez rempli. C'est également pour ces raisons que le nouvel arrêté publié ce 13 juin maintient toutes les restrictions en place sur cette zone, comme celle de la vallée de la Têt. La vallée du Tech est en niveau d'alerte renforcée (avant dernier niveau d'alerte). 

"Une baisse considérable de la consommation d’eau potable"

"Je tiens à féliciter la responsabilité de tous les acteurs du territoire", insiste ce mardi le préfet des Pyrénées-Orientales. Alors qu'il multiplie depuis des semaines les réunions avec les différents secteurs d'activités départementaux, tout comme les moments de communications pour le grand public sur les usages de l'eau, Rodrigue Furcy confirme "une baisse considérable de la consommation d’eau potable". Elle était estimée à "-17%" en avril, puis "entre -25 et -30%" sur le mois de mai. Voilà là une conséquence directe des économies d'eau réalisées par les acteurs économiques et les habitants du département.  

"Grâce aux effets des mesures et à l’effort sur la consommation d’eau, nous n'avons pas de plongée au niveau des nappes, ce que l’on constate habituellement à cette période de l’année", ajoute le représentant de l'Etat. Il parle là de l'utilisation accentuée de l'eau sur cette époque d'avant saison estivale. Sur cette question de l'eau potable, 26 communes du territoire restent toujours "en vigilance" pour son accès.

C'est donc une situation de sécheresse favorable mais loin d'être réglée qui a été présentée en préfecture ce mardi. Si cela permet d'envisager possiblement un avenir meilleur, faut-il encore que les pluies continuent de tomber sur les secteurs les plus secs, et que les économies ou la réutilisation de l'or bleu se poursuivent. De nombreux agriculteurs vont d'ailleurs encore devoir serrer la ceinture. L'arrêté publié ce jour tient lui jusqu'au 25 juillet.

 

*En alerte simple (deuxième niveau d'alerte sécheresse), certaines restrictions sont allégées, comme l'interdiction de l'arrosage des pelouses, des espaces verts, ou des potagers, qui ne se fait que de 8 heures à 20 heures.