Près de Toulouse, Corinne a-t-elle brûlé vif son compagnon ?  

S’est-elle défendue des violences conjugales dont elle était victime, dans un scénario qui confine au film gore ? Corinne D. est jugé à partir de ce mardi par la cour d’assises de Haute-Garonne. La femme, âgée de 47 ans au moment des faits, est accusée d’avoir tué son conjoint au nord de Toulouse le 3 novembre 2020. Pas n’importe comment : elle l‘aurait aspergé d’essence avant de mettre le feu. Ce soir-là, impasse du Royé à Saint-Sauveur, les voisins découvrent la maison du couple en feu et le corps meurtri d’Olivier R. allongé dans la rue ; « elle est folle, elle m’a jeté de l’essence dessus et a mis le feu » affirme-t-il agonisant. La victime est brûlée sur 90% du corps et décèdera 48 heures plus tard. Son taux d’alcoolémie est élevé. Dans le quartier et parmi les proches, tout le monde sait que les relations sont toxiques au sein du couple : beaucoup d’alcool et des violences récurrentes.

Relation toxique et addiction à l’alcool

Après l’incendie, Corinne C. se réfugiait dans l’entreprise de son mari et appelait d’abord un ami avocat, puis les secours... 44 minutes après le déclenchement du feu ; « j’ai fait une connerie […] j’ai commis un homicide […] je me suis fait cogner dessus […]  je crois que je lui ai balancé un briquet » déclarait-elle au centre opérationnel de gendarmerie. Mais elle contestait, tout au long de l’enquête, avoir commis le moindre crime, expliquant qu’Olivier R. avait déversé de l’essence dans leur chambre en vociférant, elle aurait alors quitté les lieux.

Pour ses avocats Mes Axelle Chorier et Pierre Dunac, cette femme « à qui on fait confiance, qui une bonne personne, va verser dans l’alcoolisme au contact d’un individu » ; « elle a des souvenirs par flashs, ce qui est normal vu son degré d’alcoolémie, elle explique qu’elle a eu peur dans un climat de violences conjugales quand il lui a versé de l’essence dessus. »  Ce même Olivier R. qui, affirmait-elle à l’audience, aurait déclenché l’incendie qui a ravagé sa maison en 2013. Les experts en assurance avaient pourtant conclu à un accident d’origine électrique.

Le ressentiment de ses propres enfants

La cour va tenter de comprendre pourquoi les déclarations de l’accusée ne collent pas avec les constatations des enquêteurs : en premier lieu les traces d'hydrocarbure retrouvés sur la veste polaire de Corinne. Et si la victime s’est donnée la mort pourquoi les bidons ont-ils été retrouvés à l’opposé du départ d’incendie. Entendu mardi, le père de ses enfants qualifiait son ex-femme de « bipolaire », mais les experts n’ont décelé aucune maladie mentale. Cette mère aussi décrite comme « maltraitante » par sa progéniture. « Je n’ai pas de bons souvenirs avec ma mère » dira celui qui se cachait en pleurant pour ne pas aller chez elle... Verdict attendu d'ici vendredi.