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NOTRE DIRECT – La deuxième manifestation anti-A69 s’est élancée près de Castres : des débordements observés

1600 gendarmes et policiers sont mobilisés : le cortège est sous haute surveillance. Environ 10 000 manifestants selon les organisateurs et des Black Blocs sont présents.

Le cortège s'élançait en début d'après-midi.
Le cortège s'élançait en début d'après-midi.
Crédit : @100%Radio

21 octobre 2023 à 13h02 par Brice Vidal, avec sur place Axel Mahrouga

53 kilomètres de discorde. Un gouvernement réaffirmant que l’autoroute Castres-Toulouse se fera, des opposants dénonçant un projet « écocide » et qui ne lâchent rien, les recours légaux des « anti » quasi épuisés : c’est dans ce contexte qu’une seconde mobilisation anti-autoroute se tient ce samedi 21 octobre 2023 près de Castres.

 

Un dispositif de maintien de l'ordre musclé

Selon la préfecture du Tarn, 4500 participants avaient défilé le 22 avril dernier pour la première manifestation, les « anti » opposaient plus de 8000 participants et probablement avaient-ils vu juste. Les autorités, ayant sous-estimé le premier opus, attendaient plus de monde ce samedi.

Par crainte de débordements de membres du Black Bloc, 1600 gendarmes et policiers étaient déployés ce samedi 21 octobre contre 800 gendarmes au printemps. Des armes, barres de fer ont déjà été saisies lors de différents contrôles. Plus de 300 activistes radicaux - contre une cinquantaine au printemps - pourraient infiltrer les cortèges pacifiques ce samedi. Les renseignements territoriaux craignaient la venue de fauteurs de troubles venus notamment de Suisse et de Belgique. 

La manifestation - regroupant les collectifs La Voie est Libre, Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rebellion ou la Confédération paysannne - baptisée « Ramdam sur la Macadam » a démarré à 13H15, avec 6 cortèges distincts illustrant plusieurs thématiques : compensations environnementales, décarbonation et… économie locale pour lequel « les baskets sont conseillés ». "Il va y avoir des actions de désobéissance civile [...] qui vont montrer notre détermination à stopper ce chantier d'autoroute" déclarait Léna Lazare, des Soulèvements de la Terre.  

Le tracé passe par la route de Sémalens, longeant le centre d'entraînement du Castres Olympique, puis rejoignait la route de Toulouse via la D50, puis retournait au point de départ via la N126, puis le chemin du Mercadel Bas. 

 

PRÈS DE CASTRES. LE CAMP DE BASE DE LA MANIFESTATION ANTI-A69 EN COURS DE MONTAGE À SAÏX

DOSSIER 100%. MANIFESTATION ANTI-A69 : LE BLACK BLOC VA-T-IL DÉFERLER SUR LE SUD TARN SAMEDI ?

Léna Lazare des "Soulèvements de la Terre"
Léna Lazare des "Soulèvements de la Terre"
Crédit : @100%Radio
La tête de cortège
La tête de cortège
Crédit : @100%Radio

Les organisateurs annonçaient 9500 participants au départ de la manifestation. Sandrine Rousseau tête de file d'EELV était présente à Saix ce samedi. Idem pour la député EELV de Haute-Garonne Christine Arrighi. Les tracteurs de la Confédération paysanne ouvraient le cortège, et une banderole en hommage à Rémi Fraisse « ni oubli ni pardon » était déployée près des partisans du Nouveau Parti anti-capitaliste. "L'odeur de lisier sur la route de Sémalens est très forte" nous indiquait-on sur place. Du fumier a-t-il été épandu le long du tracé pour gêner les manifestants ? 

La mobilisation s'est scindée 

Premières inquiétudes, une partie des manifestants issus des Soulèvements de la Terre, de la CNT et d'autres organisations radicales faisait scission. Un deuxième cortège non déclaré, sur lequel se focalisait l'attention des autorités, se formait. 

Le cortège "sauvage" suivait la voie ferrée à proximité et notre journaliste sur place observait des individus cagoulés remontant ce deuxième regroupement. Dans le vrombissement de l'hélicoptère de la gendarmerie en surveillance au-dessus des manifestants radicaux, des "ACAB - ACAB" (All cops are bastards - tous les policiers sont des sal...) étaient scandés. Des gendarmes mobiles se déployaient et se positionnaient au contact mais n'intervenaient pas.  

Un incendie déclenché dans une cimenterie

Vers 14h45, la préfecture du Tarn relevait "un groupe de 400 personnes extrêmement virulent" qui "s'en prend actuellement à une entreprise de cimenterie et a déclenché un incendie".  "La manif part dans tous les sens" relatait notre journaliste sur place, les manifestants se seraient scindés en plusieurs cortèges, pas seulement deux. La préfecture du Tarn précisait aussi que "deux policiers ont été légèrement blessés à Castres" et "les forces de l'ordre ont fait usage de la force pour contenir cette menace".

800 Black blocs étaient présents

Selon une source préfectorale, cinq personnes ont été interpellées depuis ce matin. Vers 15h30 le cortège officiel continuait sa route et le groupe de Black Blocs dissident du cortège pacifique se repliait vers le camp de base. D'après une source proche du dossier les Black Blocs seraient au nombre de 800. L préfecture estimait même à 2500 personnes le nombre d' "individus radicaux et violents" et 2400 personnes le cortège politique et familial.

Vers 16h30 une partie des manifestants radicaux tentaient d'installer une zone à défendre (ZAD) à la sortie du camp de base des opposants, au lieu-dit La Crémade, où 6 habitations ont fait l'objet d'expropriations. 300 individus s'y trouvaient encore en début de soirée. 

 

 Bilan publié par la préfecture 


"Alors que les organisateurs s’étaient engagés avec la préfecture à respecter un itinéraire précis, que le Préfet avait autorisé, une partie du cortège s’est détachée de ce parcours en s’engageant sur des voies non sécurisées. Le Préfet déplore que les organisateurs n’aient pas respecté leurs engagements."
"2 500 individus radicaux, qui étaient presque tous cagoulés, vêtus de noir, casqués, portant des boucliers, des bâches noires et des parapluies, se sont détachés du cortège déclaré pour commettre des exactions".

"Les individus hostiles ont dégradé une cimenterie ; les dégâts matériels comprennent un algéco, trois véhicules toupies et un engin de travaux publics". Ils se sont "également introduits par effraction sur le site d’une entreprise de travaux publics" ; "ont pris son vigile à partie, degradé le bâtiment et arraché ses clotûres, avant d’être repoussés" 

74 grenades ont été tirées par les gendarmes. Sept interpellations ont été effectuées et "plusieurs armes par destination – barres de fer, pioches, masques à gaz, boules de pétanque, couteaux – ont également été interceptées". "Malgré l’interdiction de survol de la zone, 4 drones ont été détectés".