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Tarn. Va-t-on vers une pénurie d'eau potable dans le sud du département ?

Seize communes du sud du Tarn menacées de coupure d’eau potable d’ici un mois. 45.000 habitants sont concernés, tous dépendants des barrages des Saints-Peyres et du Pas des Bêtes. Une situation sans précédent, due à la sécheresse exceptionnelle que nous traversons cette année.

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3 novembre 2022 à 12h17 par Marion Chouly

C'est une crise inédite : dans le sud du Tarn, les niveaux d'eau sont tellement bas après des mois et des mois sans pluie, que l'alimentation en eau potable en est menacée. 45.000 habitants sont concernés sur les seize communes qui dépendent des barrages des Saints-Peyres et du Pas des Bêtes. Actuellement, ce dernier devrait être plein mais le niveau est quasiment à -4 mètres.

Selon les élus, les réserves actuelles permettraient de tenir trois à quatre semaines, ensuite des coupures d’eau sont envisagées s'il ne pleut pas de façon significative. Une mesure qui serait alors historique mais qui pose aussi un certain nombre d'interrogations. En effet, comme nous l’explique Vincent Colom, Président du syndicat d’adduction d’eau potable du Pas des Bêtes, ce n'est pas aussi simple qu'une coupure d'électricité par exemple, il ne s'agit pas seulement d'appuyer sur un bouton. Une fois l'eau coupée, les réseaux se vident et pour le réamorçage, c'est l'inconnu. Le remplissage et la gestion des châteaux d'eau (32 sur le réseau du Pas des Bêtes) prendraient en théorie 48h mais impossible de savoir si tous les systèmes techniques en corrélation pourraient fonctionner.

Vincent Colom, Président du syndicat d’adduction d’eau potable du Pas des Bêtes nous explique la complexité de cette situation historique

Des conséquences multiples sur le territoire

Une coupure d'eau potable dans les semaines à venir provoquerait une réaction en chaîne. D'abord des problèmes sanitaires, évidemment, pour les personnes qui dépendent de ces deux réseaux. Sur le plan économique également, puisque certaines entreprises ont besoin d'eau potable dans leur processus de production. Et enfin des conséquences sur la sécurité puisque les pompiers ont besoin d'eau sur la plupart de leurs interventions. Le SDIS81 est cependant sensibilisé sur ce sujet et utilise autant que possible de l'eau brute, c'est-à-dire non traitée.

Vincent Colom, Président du syndicat d’adduction d’eau potable du Pas des Bêtes aborde les différentes conséquences d'une coupure d'eau

Une véritable prise de conscience est nécessaire

Face à cette crise sans précédent, les élus en appellent au civisme des habitants pour limiter leur consommation d'eau potable. Cela passe par de petits gestes quotidiens comme couper l'eau quand on se brosse les dents ou savonne ses mains, préférer une douche plutôt qu'un bain ou encore utiliser le lave-vaisselle plutôt que de tout laver à la main.

Des restrictions sur l'usage de l'eau viennent également d'être renouvelées par la préfecture du Tarn jusqu'à la fin du mois. Il est par exemple interdit d'arroser son potager entre 8h et 20h ou bien de laver son véhicule en dehors des stations de lavage professionnelles.

"L'eau n'est pas une denrée illimitée" insistent les élus. "Nous atteignons maintenant les limites, le réchauffement climatique touche aussi les communes rurales et forestières, il est important que les gens en prennent conscience".

Des réflexions nécessaires à l'avenir

Outre l'inquiétude que suscite cette crise historique sur le bassin, les élus sont en colère. Ils évoquent le besoin d'entamer des réflexions plus globales pour pérenniser l'accès à l'eau potable pour tout le monde et dénoncent notamment des pratiques insensées. En effet, le barrage des Saints-Peyres, géré par EDF, sert de soutien d’étiage à certains cours d’eau du département et à l’irrigation agricole mais aussi pour irriguer la Garonne. Au détriment de la production d'eau potable et donc des habitants du secteur. Aujourd'hui le barrage des Saints-Peyres est à 800.000 m3 d'eau au lieu de 34 millions. 

 

 

Liste des communes impactées par cette situation de crise inédite : 

Boissezon, Labruguière, Lagarrigue, Navès, Noailhac, Payrin, Pont-de-Larn, Saïx, Valdurenque et Viviers-les-Montagnes, qui sont desservies par le syndicat mixte d’adduction d’eau potable du Pas des Bêtes.

Aiguefonde, Aussillon, Bout-du-Pont-l’Arn, Caucalières, Mazamet et Saint-Amans-Soult qui dépendent du syndicat mixte des vallées et l’Arnette et du Thoré.