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Le film sur l'affaire Viguier va-t-il être interdit au cinéma?

L'amant toulousain de Suzanne Viguier, O. Durandet, estime que l'on porte atteinte à sa vie privée.

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18 février 2019 à 10h33

Le film sur l'affaire Viguier va-t-il disparaître des écrans de cinéma ? 

Selon l'Express, O. Durandet, l’amant de Suzanne Viguier demande la fin de l’exploitation d’une "Intime conviction", ce film d’Antoine Raimbault, sorti le 6 février dernier.

Ce film, avec Marina Foïs et Olivier Gourmet, suit le parcours judiciaire de Jacques Viguier, acquitté deux fois après la disparition de sa femme de 38 ans, en février 2000, et dont le corps n'a jamais été retrouvé.

Atteinte à la vie privée ? 

O. Durandet considère que le film porte atteinte à sa vie privée car son nom n'a pas été changé. Par ailleurs, "sur 250 heures d'écoute, moins de 10 minutes ont été retenues, c'est un montage partial", souligne son avocat  Emmanuel Tricoire.

Et il est clair que dans ce film, Jacques Viguier est dépeint en victime, écrasé par la machine judiciaire, alors que l'amant de Suzanne Viguier est lui beaucoup plus ambigu. 
D'ailleurs les Toulousains interrogés à la sortie du film considèrent que le professeur de droit acquitté est innocent : "Il n'y a eu qu'une enquête à charge contre Jacques Viguier", "J'ai toujours cru qu'il n'était pas coupable, ce film me conforte dans ma version", disent deux cinéphiles. "J'avais suivi l'affaire et j'étais sûr qu'il était coupable, mais vu le film je pense que je m'étais trompé", dit un autre. 

Un film qui divise 

Mais ce film ne mécontente pas qu'O. Durandet.

D'autres protagonistes de l'affaire le critiquent, comme Me Georges Catala qui a fait acquitter Viguier en première instance. "Je me souviens quand la cour s'est retirée pour délibérer. Normalement, ça dure 5-6 heures, là au bout d'une heure et demi, on m'a appelé pour me dire que c'était bon." Il regrette que le premier procès soit occulté, au profit de celui en appel pour lequel Jacques Viguier était défendu par Eric Dupont-Moretti (incarné par Olivier Gourmet à l'écran). "C'est toujours plus facile d'aller en cour d'appel avec un acquittement", lance Me. Catala. "Mais surtout ce film s'accapare un fait divers, on le met à la sauce du mercantilisme pour le vendre le mieux possible." 

Un succès en salle 

L'assignation en référé de l'amant de Suzanne Viguier sera examinée ce mardi 19 février au tribunal de Grande Instance de Paris (tribunal qui va se prononcer aussi ce lundi sur un film de François Ozon, lui aussi attaqué).  Mais les interdictions d'exploitation au cinéma sont rarissimes. 

En attendant, "Une Intime conviction" connaît un réel succès en salles. A l'American Cosmograph, à Toulouse, il a dépassé les 2000 entrées en fin de semaine dernière et a atteint 130 000 entrées au niveau national.

(Photo : Affiche du film, avec Marina Foïs et Olivier Gourmet)

Ecoutez le reportage de Brice Vidal sur ce film qui divise les Toulousains comme les protagonistes de l'affaire :