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La Clinique des Cèdres, près de Toulouse, est-elle responsable de la mort d'une patiente en 2012 ?

Le tribunal correctionnel de Toulouse s'est penché mardi sur une douloureuse affaire d'homicide involontaire. 

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4 janvier 2022 à 21h49 par Brice Vidal

 

"Elle n’a pas été soignée et en est morte" dénonce sa famille. La Clinique des Cèdres et un médecin de cet établissement comparaissaient devant la justice, ce mardi à Toulouse, poursuivis pour homicide involontaire. L’affaire remonte à août 2012. Une mère de famille de 39 ans, hospitalisée à la clinique de Cornebarrieu, décédait dans des circonstances suspectes. La famille portait plainte. Car Sabine a été victime d’un pneumocoque au cœur du mois d’août.

Fiévreuse, souffrant le martyre pendant une douzaine d'heures, les infirmières lui administreront de la morphine au moins à deux reprises. Mais elle ne verra aucun médecin. Ils ne se déplaceront pas, malgré les multiples alertes que les infirmières affirment avoir lancé. "Le retard dans la prise en charge a fait perdre 40 à 50% de chances de survie à la patiente" notera un expert lors de l'instruction. Qui est responsable de ce drame ? Le chef des urgences ce jour-là, mis en examen ? Le patron du service de gastro-entérologie qui n’est pas poursuivi ? Aucun n'est présent à l'audience, pas plus que la direction de la clinique.

 

Une clinique à "l'organisation mortifère" tance le procureur

Le parquet évoque "un véritable désastre médical" dans une clinique "à l’organisation mortifère" : "trop d'infirmières intérimaires, pas de traçabilité du malade, difficulté à identifier le médecin référent" énumèrera le Ministère public. Un procureur qui pointe même "une surdité médicale" avec des infirmières "qui ne parviennent pas à faire venir des spécialistes pendant plusieurs heures alors que la patience est cyanosée, bleue". 12 heures après son admission, vers 17 heures le 15 août, la réanimation trop tardive ne sauvera pas Sabine, mère de famille apparemment en pleine santé. Le parquet a requis mardi au moins 150 000 euros d’amende contre la clinique des Cèdres et 6 mois de prison avec sursis pour le médecin urgentiste ainsi que 30 000 euros d’amende.

 

Un gastroentérologue a-t-il falsifié une fiche médicale pour éviter d'être poursuivi ?

La défense du médecin incriminé a pour sa part expliqué que "toutes les analyses règlementaires avaient été faites" mais "un IRM n’a pas donné d’éléments suffisamment clairs sur un problème congénital de la patiente", "une atrophie ou une absence de rate". Me Laurent De Caunes a aussi avancé qu’un gastroentérologue, dans le viseur au début de l’enquête, pourrait avoir "falsifié une fiche d’admission" pour passer au travers des gouttes et faire accuser son confrère. La défense de la Clinique des Cèdres était assurée par Me Frédéric Douchez. Les proches, présents à l'audience, ne se sont pas portés partie civile au pénal. Attendant la procédure civile pour demander réparation. La décision du tribunal correctionnel a été mise en délibéré au 18 janvier.