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Hérault : deux anciens maires jugés pour "homicides involontaires" lors des inondations de 2014

Quatre personnes avaient perdu la vie dans le camping municipal de Lamalou-les-Bains, à une trentaine de kilomètres de Béziers. 

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29 mars 2022 à 14h00 par La Rédaction

Deux ex-maires de Lamalou-les-Bains (Hérault) sont jugés à partir de mercredi devant le tribunal correctionnel de Béziers pour "homicide" et "blessures involontaires", près de huit ans après des inondations dues à des pluies torrentielles qui avaient fait quatre morts dans cette commune. Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2014, une violente crue de la rivière Bitoulet, un affluent de l'Orb, avait provoqué la mort d'un couple ainsi que d'une femme et de sa fille qui séjournaient au camping municipal de cette station thermale des Cévennes méridionales, à 35 kms au nord de Béziers et 80 kms de Montpellier.

L'eau déferlant du Mont Espinouse (1.124 m) avait provoqué de nombreux dégâts matériels et humains. Installé en 1982, le camping municipal, qui surplombait d'environ trois mètres le cours d'eau, était dans une zone déclarée inondable en 1989, tout comme une résidence et des lotissements voisins. Les corps des quatre victimes décédées avaient été découverts dans un amas de débris divers --végétation, arbres, caravanes et camping-cars-- amoncelés contre le tablier d'une passerelle desservant un jardin japonais situé en aval du camping. Onze autres personnes avaient été blessées. Toutes les victimes résidaient au camping.

 

Les édiles accusés de "manquements"

Après une longue bataille de procédure menée jusqu'à la Cour de cassation, Marcel Roques, maire centriste de Lamalou de 1989 à 2014, et Philippe Tailland, maire divers gauche depuis quelques mois à l'époque de la catastrophe, ont été définitivement renvoyés en correctionnelle il y a tout juste un an. Deux employés de la station thermale et deux responsables municipaux ont eux bénéficié d'un non-lieu. En ordonnant le renvoi devant le tribunal des deux ex-maires, tous deux âgés aujourd'hui de 73 ans, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier avait estimé que Philippe Tailland, qui ne s'est pas représenté en 2020, avait commis des "fautes caractérisées", soulignant notamment "le défaut de déclenchement du plan de sauvegarde communal et d'évacuation du terrain de camping" alors que le département avait été placé sous "vigilance orange" pour risque d'inondations par Météo France.

Quant à Marcel Roques, qui avait dirigé la commune pendant 31 ans, s'il ne peut rien lui être reproché le jour des faits, il est accusé de divers manquements dans la période antérieure, notamment de ne pas avoir fait entretenir correctement le ruisseau ou d'avoir étendu jusqu'à l'automne la période d'ouverture du camping, gros pourvoyeur de revenus pour la commune, alors que les violents orages responsables d'inondations sont fréquents à cette période dans cette région.

Le procès doit durer trois jours, de mercredi à vendredi.

 

Avec AFP.