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Comment s'organisent les fouilles à Cagnac-les-Mines : un spécialiste d'archéologie judiciaire répond

Frédéric Devevey, chargé de recherches à l’INRAP est également référent archéologie pour la gendarmerie. Il a notamment formé la Fouille opérationnelle spécialisée du 31e régiment du génie de Castelsarrasin. 

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18 janvier 2022 à 17h25 par Brice Vidal

 

Ils ont formé les militaires qui cherchent actuellement le corps de Delphine Jubillar : les archéologues de l’INRAP, l’Institut national de recherches archéologiques préventives fait aussi de l’archéologie judiciaire dite archéologie forensique. Ces spécialistes nous éclairent sur la façon de procéder des soldats de la Fouille opérationnelle spécialisée (FOS) du 17e régiment du génie parachutiste qui agissent sous l'autorité de la Section de recherches de la gendarmerie de Toulouse (SR) à Cagnac-les-Mines (81).

 

Spécialistes de la collecte d'indices

Les sections FOS ont des techniques et des matériels adéquats pour rechercher mines et cavités, l'INRAP les aide notamment à mieux comprendre les anomalies du terrain : naturelles ou dues à l'action de l'homme. Ils sont aussi entraînés à la récupération d'indices. Frédéric Devevey, est chargé de recherches à l’INRAP. Egalement référent archéologie pour la gendarmerie, il a formé la fouille opérationnelle du 31e régiment du génie de Castelsarrasin, l'autre F.O.S. du Tarn-et-Garonne ; "les militaires vont chercher les anomalies magnétiques, donc les objets métalliques, qu'ils aient appartenus à la victime ou à l'auteur" nous explique-t-il. Un détecteur de métaux repère les objets jusqu'à 40 cm de profondeur, "sinon il faut creuser". Pour détecter des anomalies dues au creusement "il y a des géo-radars très puissants" mais "il ne vont pas détecter des objets, seulement une structure" et "l'opérateur saura" car "l'écho magnétique sera très différent".

 

Quels technniques pour les fouilles ?

Une certitude : les soldats de la FOS n'ont pas piétiné partout autour de Cagnac lundi et mardi "il faut regarder le contexte général et voir s'il y a des anomalies. Les traiter". Le processus est long et il ne faut pas se précipiter. Traditionnellement "10 militaires  vont se mettre en ligne" et "il vont créer des layons qui font jusqu'à 30 mètres de long et 10 mètres de large". Au premier bruit suspect, l'objet est identifié et prélevé ou non.

Un corps enterré laisse obligatoirement une différence de densité de la terre, mais avant de déployer une pelle mécanique pour creuser "avec un godet de curage pour enlever délicatement les premiers centimètres de terre végétale et faire apparaître les anomalies du terrain", "on fait de la prospection systématique". Si le sol a été creusé en forêt, "la végétation reprend ses droits et c'est très difficile de voir des différences" explique Frédéric Devevey, alors que sur un autre sol "l'herbe va repousser différemment" et "cela peut se lire des centaines d'années après". 

 

Les archéologues pour identifier la signature d'un meurtrier

Qu'ils soient de l'IRCGN (institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale) ou de la FOS, les archéologues sauront aussi "restituer la position originelle du corps" un corps jeté maladroitement laisse des indices, "une signature". Faire parler les ossements c'est le boulot du légiste, mais les spécialistes en archéologie forensique savent ce que signifie par exemple une fausse profonde " elle laisse entendre que c'est prémédité" ; autant d'éléments qui indiquent comment le meurtrier a agi...

 

Enterrer un corps laisse des traces très longtemps après l'inhumation. Images Inrap.

Enterrer un corps laisse des traces très longtemps après l'inhumation. Images Inrap.

Géo-radar. Images Inrap.

Géo-radar. Images Inrap.