Drame de Millas. Les familles des victimes demandent à être reçues par la Première ministre

Au cœur de leur demande, un échange autour de la création du délit d’homicide routier, évoqué l'été dernier par Élisabeth Borne.

Fabien Bourgeonnier, président de l’association "A la mémoire de nos anges" et père d'une victime
Fabien Bourgeonnier, président de l’association "A la mémoire de nos anges" et père d'une victime
Crédit : © 100% Radio - John Bourgeois

20 décembre 2023 à 13h11 par Marion Chouly

Six ans après l’accident, une vingtaine de personnes sont venues jeudi dernier, le 14 décembre, rendre hommage aux victimes du drame de Millas. En 2017, cette collision entre un bus scolaire et un TER avait fait six morts parmi les adolescents.

Le 16 octobre dernier, Fabien Bourgeonnier, président de l’association "À la mémoire de nos anges" et père de Loïc, l’une des victimes de l'accident, a écrit au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Dans ce courrier, il demande à être reçu pour échanger autour du sujet de l’homicide involontaire. La Première ministre, Élisabeth Borne, a annoncé la création du délit d’homicide routier en juillet dernier, mais les peines ne seraient pas modifiées par rapport à l’homicide involontaire avec circonstance aggravante, et le texte n’est pas encore arrivé à l'Assemblée nationale.

Pour Fabien Bourgeonnier, il faut que de vraies sanctions soient mises en place. Il a conscience du manque de place en prison, mais des solutions alternatives existent selon lui, "on peut trouver, admettons, des travaux d'intérêts généraux, avec un vrai travail, une sensibilisation, des soins… On ne demande pas la peine capitale, mais on demande à ce qu’il y ait des vraies sanctions réelles. On voit sur le drame de Millas qu’il était requis 5 ans de prison. On peut se demander, nous en tant que parents, et nos enfants, « pourquoi elle n’a pas eu 5 ans de prison ? » Ça aurait été un minimum, mais là, elle n’a rien. Ce n'est pas normal qu’il y ait 6 enfants dans notre drame qui aient été tués et que la principale mise en cause n'ait rien du tout."

D'autres pistes doivent aussi être étudiées, notamment en cas de retrait de permis selon Fabien Bourgeonnier : "Moi, j'habite un petit village, si je n'ai pas la voiture, je ne peux pas me déplacer, ce n'est pas possible. Donc il faut qu'on trouve des solutions. Bien sûr on va dire qu’il y a le taxi mais on n'est pas tous capables de mettre 40 ou 50€ par jour dans un taxi, ce n'est pas possible, donc il faut qu'on mette en place plus de navettes, de bus, de minibus ou quoi que ce soit, que les gens qui n’ont plus le permis puissent se déplacer, aller faire leurs courses… Si on continue à retirer le permis à tout le monde, les gens vont rouler sans, s’il y a un drame demain, on fait comment ?"

Par ailleurs, pour ce papa, il est primordial que "la loi soit appliquée. Et on demande aussi que les magistrats arrêtent de dire à des parents de victimes « Comprenez Madame, Monsieur, il faut laisser une chance à cette personne », ce n'est pas possible d'entendre ça. Effectivement la conductrice dans ce drame, à Millas, elle ne s’est pas levée le matin pour tuer nos enfants. Ça, j'en suis persuadé. Mais tous les jours elle les mettait en danger, et nous, aujourd'hui, on pleure."

Il y a quelques jours, le chef étoilé Yannick Alléno, dont le fils a été tué par un conducteur ivre, s’est exprimé sur RMC. Il se bat pour la création d’un délit d’homicide routier. Il attend qu’un projet de loi soit examiné à l'Assemblée nationale.