Cyclone Chido. Des Toulousains de Mayotte témoignent : “Je n’ai pas de nouvelles de ma famille depuis une semaine.”
Dix jours après le passage meurtrier du cyclone Chido sur l’île de Mayotte dans l’océan Indien, l’heure était au recueillement à Toulouse. Une soixantaine de personnes se sont rassemblées sur la place du Salin lundi 23 décembre dans le cadre d’une journée de deuil national. Ces toulousains nés à Mayotte témoignent.
Publié : 26 décembre 2024 à 10h57 par Stagiaire Redaction
M’Katibou est originaire de Brandaboua, un village situé dans le Nord de l’île de Mayotte, à une trentaine de kilomètres de la capitale Mamoudzou. Il vit en métropole depuis ses 6 ans.
“Je viens de Brandaboua, c’est l’endroit où il y a eu l'œil du cyclone. Dans ma commune et celle de M’tsamboro, il n’y a toujours pas d’eau ni d’électricité. On a l’impression qu’ils sont oubliés par rapport à ce qui se passe dans la capitale. On nous dit que les secours arrivent mais personne ne se rend dans ces communes du nord, ils sont coupés du monde, abandonnés.
Je n’ai pas de nouvelles de ma famille depuis une semaine. Et de ce qu’on m’a dit, dans notre jardin, nos plantations de bananes, de fruits à pain, il ne reste plus rien… Heureusement qu’on a une maison en béton et dans mon village il y a très peu de bidonvilles donc il n’y a pas trop de dégâts matériels.
Je regarde beaucoup de vidéos sur les groupes Facebook. Les médias mainstream masquent la réalité sur le nombre de morts. C’est sûrement 30 000 voire plus. J’ai des amis dans la capitale qui me disent que l’air est irrespirable à cause de la chaleur qui fait remonter l’odeur des corps ensevelis
On espère que (Emmanuel) Macron va réagir. Le discours qu’il a fait n’est pas concret. Il n’a pas répondu aux attentes des Mahoraises et des Mahorais.”
Sandra Ibrahim, originaire de Pamandzi sur l’île de Petite-Terre, vit à Toulouse depuis 10 ans. Elle a rejoint le collectif des associations mahoraises toulousaines.
“J’ai l’impression d’être dans un mauvais rêve mais c’est bien la réalité. On se sent complètement impuissant quand on est à 10 000 kilomètres de sa famille. La vérité n’est pas celle qu’on voit dans certains médias. Il n’y a pas d’eau ou d’électricité, c’est compliqué pour avoir du réseau et les aides sont distribuées au compte-goutte.
Personne n’est passé voir les gens dans les villages. Ils ont dû déblayer les routes et rafistoler les maisons eux-mêmes pour avoir un abri car c’est la saison des pluies à Mayotte. Après huit jours, ma mère dort encore les pieds dans l’eau c’est terrifiant
On nous dit de ne pas s’inquiéter, de laisser faire les professionnels mais où sont-ils ? Pas là-bas en tout cas. Donc on a entrepris plusieurs initiatives. On a mis en place un formulaire pour récolter un maximum de volontaires qui connaissent l’île et ont de quoi se loger sur place. On est déjà près de 2 300 à se tenir prêts. Il y a même 200 militaires qui connaissent les réalités du terrain et à qui on n’a pas donné la possibilité de descendre sur place.
Différentes collectes ont lieu dans toute la France. C’est bien mais les containers n’arriveront que dans un mois et demi, c’est long. Aujourd’hui on peut donner sur les cagnottes mises en place par des locaux qui peuvent acheter, cuisiner et distribuer directement sur place dans les endroits les plus reculés. Les gens ont faim, il faut agir.”
Le site https://help-mayotte.yt/ recense différentes cagnottes tenues par des locaux afin de fournir une aide directe aux victimes du cyclone.