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Ariège. Les « amants diaboliques de Mirepoix » avaient battu à mort Christophe et exécuté sa fille

Vendredi, la cour d’assises va juger Marie-Josée Montesinos et Jean-Paul Vidal, à Foix, pour deux crimes abjects.

Christophe Orsaz et Célia sa fille.
Christophe Orsaz et Célia sa fille.
Crédit : @100%Radio

14 novembre 2023 à 11h25 par Brice Vidal

Ils incarnent l’horreur et l’absence totale d’empathie. Marie-Josée Montesinos et Jean-Paul Vidal sont jugés à partir du vendredi 17 novembre 2023 pour deux crimes atroces entre Ariège et Aude. Le 30 novembre 2017 à Bélesta en Ariège, les deux amants ont massacré à coups de barres de fer Christophe Orsaz un paysagiste de 46 ans, puis exécuté sa fille de 18 ans. Le mobile ? Une vengeance probablement orchestrée par Montesinos contre cet ancien amant qu’elle haïssait. Tout porte à croire que cette ex-infirmière, aujourd’hui âgée de 61 ans, a poussé Jean-Paul Vidal à commettre l’irréparable. 

 

La jeune fille tuée d’un coup de fusil à bout portant 

Se faisant passer pour des clients potentiels, les assassins ont organisé un guet-apens. Utilisant des cartes SIM prépayés, ils fixent un rendez-vous au malheureux, se cachent dans une ruine avant de le frapper à de multiples reprises. Mais les tueurs n’ont pas prévu que le jardinier vienne accompagné de sa fille, avec qui il vient de renouer. Ses hurlements ne vont pas les arrêter : la jeune femme sera bâillonnée et emmenée une quinzaine de kilomètres plus loin. Puis tuée d’une décharge de fusil dans la tempe. Célia « résignée » ne se serait pas débattue lorsque Vidal a brandi son fusil, « elle a détourné la tête » confessera-t-il rongé par la culpabilité. Le jardinier ligoté et dans le coma sera plongé dans une fosse septique, où il se noiera. Le corps de sa fille sera trainé et dissimulé sous des branchages.

Dès le 1er décembre, les proches des victimes vont s’inquiéter des disparitions. Marie-Josée Montesinos, scélérate, surjouera la compassion auprès de la mère de Célia, lui confiant « son espoir que les disparus soient retrouvés. » Mais les hommes de la Section de recherches de Toulouse vont rapidement acquérir la certitude que le couple n’est pas étranger au drame. Le 30 novembre à 22h40, la voiture de Christophe Orsaz était découverte calcinée à Puivert dans l’Aude. Elle a été volontairement détruite, aucun indice n’est relevé, hormis la présence de traces d’un autre véhicule à proximité.

 

Comment les gendarmes ont remonté la piste des deux amants ?


Ce sont les investigations téléphoniques qui vont permettre de faire avancer l’enquête : deux mystérieuses lignes à cartes prépayées bornaient non loin de la scène de crime. Elles ont été achetées par les deux amants. Et Jean-Paul Vidal va commettre une erreur : appeler un téléphone appartenant à son employeur - une société d’Ambulances - que l’infirmière a aussi appelé. Dès lors, les gendarmes vont creuser cette piste et découvrir que Montesinos et Vidal se connaissent. Pire, la ligne de la société d’ambulances borne aussi à Bélesta, comme celles de Christophe et Célia Orsaz.

Les gendarmes savent que Christophe Orsaz et Marie-Josée Montesinos ont eu une séparation houleuse, sur fond de dépôts de plaintes réciproques. Le paysagiste, qui conservait un « carnet noir » listant les folies de son ex, a même confié à des proches que s‘il lui arrivait quelque chose « il faudrait chercher du côté de cette femme ». Après leur séparation en 2016, la quinquagénaire a usé de stratagèmes pour le faire licencier, le dépeignant comme malhonnête, lubrique et dangereux. Chez elle, un trousseau correspondant au domicile de la victime était retrouvé. Elle l’épie. Auditions et interceptions téléphoniques permettent de prouver que les deux amants ont tenté de se forger un alibi, en demandant à leurs connaissances de mentir sur leurs emplois du temps. L’ancien cascadeur et sa maîtresse étaient placés en garde à vue et mis en examen par le juge d’instruction Fabrice Rives en juin 2018, 6 mois après la disparition. Ils indiqueront les emplacements des corps.  

 

Marie-Josée Montesinos: un profil qui fait froid dans le dos

D’abord offusquée qu’on puisse la soupçonner, Marie-Josée Montesinos a finalement reconnu avoir manipulé Jean-Paul Vidal pour pouvoir assouvir sa soif de vengeance. Elle l’aurait même conditionné en lui adressant des lettres anonymes menaçantes et en lui affirmant qu’Orsaz pouvait brûler son garage. Pour que son plan fonctionne, il fallait que le cascadeur « se sente en danger ». Machiavélique, elle s’est introduite chez Orsaz pour effacer les données de son ordinateur. L’infirmière essaiera en vain de « balader » gendarmes et juge d’instruction ; refusant de participer aux deux reconstitutions et tentant de minimiser son implication. L’ancien soignante de la clinique de Verdaich est décrite par ses anciens collègues comme une femme « autaine, froide et manipulatrice. » Les relations entretenues avec ses ex-compagnons ont été « instables et systématiquement conflictuelles » disent les experts qui pointent « une composante psychopathique de sa faille narcissique », des tendances « à la duperie » ainsi que « dépressive et anxieuse ». Sa personnalité est glaçante « elle a un détachement vis-à-vis des faits » et se sentira même « étrangement euphorique » après le massacre. Vidal racontera aux enquêteurs « qu’il attendait un signe pour tout arrêter » le jour du crime ; « l’intensité du regard » de la commanditaire présumée l’avait convaincu qu’il ne pouvait « plus reculer. »

L’ancien cascadeur est lui décrit par ses proches comme « tempéré et sympathique », les faits reprochés auraient « surpris son entourage ». Il a vécu « une vie conjugale harmonieuse jusqu’à sa rencontre toxique avec Marie-José Montesinos » et « sa dépendance affective l’aurait rendu vulnérable à un vécu de complot et de persécution ». Les deux amants diaboliques risquent la réclusion criminelle à perpétuité.