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Mort de Morgan Keane dans le Lot : procès d’un accident ou procès des chasseurs ?

Le tireur Julien F. et le directeur de la battue Laurent L. comparaissent à Cahors pour homicide involontaire en action de chasse.

16 novembre 2022 à 16h45 par Brice Vidal

 

Le procès de cet accident mortel de chasse, ce jeudi à Cahors, aura un fort retentissement médiatique. La mort de Morgan Keane avait ému la France entière. Les anti-chasse dénonçant une véritable main mise des chasseurs sur le milieu naturel avec les risques que cela comporte pour les riverains et les promeneurs. 

Le temps est gris le 2 décembre 2020 à Calvignac dans le Lot, la visibilité médiocre. Une battue est organisée ce jour-là par la société de chasse La Diane Cajarcoise et une association. Mais en fin d’après-midi un drame survient. Un tir. A 75 mètres de là, Morgan Keane jeune homme de 25 ans venu couper du bois sur sa propriété, s’effondre. Les chasseurs prodigueront les premiers soins à la victime qui décèdera des suites de sa blessure au flanc, provoquée par le tir d’une carabine Remington calibre 7 mm.

 

Le tireur n'aurait pas dû être posté si près de la maison

Julien F. un chasseur aveyronnais de 33 ans se désigne immédiatement comme le tireur auprès des gendarmes. Il n’a pas bu mais possède un permis de chasse depuis seulement 6 mois. Selon ses déclarations, il venait d’être moqué par ses camarades de chasse pour avoir tiré à quatre reprises sans toucher l’animal. Il se postait dans un champ sur un domaine privé, un secteur où il n’aurait jamais dû être. Il entendait des craquements, pensait identifier un sanglier et faisait feu. Pris de remords lors de sa garde à vue, le mis en cause admettait avoir « visé haut ».

 

Une battue totalement désorganisée

L’enquête des gendarmes va également démontrer un total manque d’organisation de la part du directeur de la battue Laurent L. : il aurait oublié de rappeler les consignes de sécurité lors d’une chasse où le territoire n’était pas clairement borné et où les participants quittaient leurs postes sans autorisation, créant une insécurité dans des tirs à fort pouvoir destructeur.

Des failles considérées par l’accusation comme des fautes caractérisées, thèse qui sera également soutenue par la partie civile ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Cahors : Rowan Keane, le frère de la victime, y sera représenté par Me Benoit Coussy. La fédération départementale de chasse du Lot également partie civile sera représentée par Me Charles Lagier. Les prévenus seront défendus par Mes Sylvie Bros et Emilie Geoffroy.

La mort de Morgan Keane avait provoqué une vive émotion et une levée de boucliers des opposants à la chasse ; pour Me Benoit Coussy le procès de Cahors doit avoir valeur d'exemple : "il faut qu'à terme il y ait plus de prévention et plus de sanctions disciplinaires pour que les mauvais chasseurs pratiquent d'autres hobbies, et que les tenants de la chasse vivrière prennent le dessus sur une pratique viriliste et militaire qui amène à ce genre d'escalade et d'homicide" expliquait-il, regrettant que "depuis que Morgan est décédé on déplore des morts par balles de chasse très régulièrement".  Les prévenus encourent 3 ans de prison, 75000 euros d'amende et des interdictions de port d'arme et de chasse de 5 ans.  

 

Photo Morgan Keane via @unjourunchasseur