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"Mes jours sont comptés", raconte l’homme de 300 kilos coincé dans un appartement à Perpignan

16 juillet 2020 à 19h22 par John Bourgeois

Atteint d’obésité morbide, cela fait plus d’un an qu’Alain est totalement immobilisé. Il souhaite désormais qu’on « le sorte de là ».

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On vous révélait cette information il y a quelques mois sur 100%. Cela fait plus d’un an qu’un homme de presque 300 kilos est coincé dans un appartement du quartier Saint-Jacques à Perpignan. Atteint d’obésité morbide, le cinquantenaire est totalement immobilisé sur les quelques mètres de son appartement vétuste, entouré de déchets. Aujourd’hui, la situation, qui semblait au point mort, pourrait se débloquer. Il faudrait attendre encore plus d’un mois.
 

« J’ai besoin d’être hospitalisé car ma vie est en jeu »

Si cette histoire dure depuis longtemps, c’est parce que plusieurs facteurs ont bloqué. D’abord, le caractère éminemment complexe de l’intervention, qui pourrait tuer le malade si mal exécutée (les solutions un temps envisagées à retrouver sur cet article). Puis jusqu’à peu l’homme refusait de partir de chez lui, par peur qu’on lui exproprie son appartement, qui fait l’objet d’un arrêté d’insalubrité. Aujourd’hui, l’homme souhaite être hospitalisé, et les services de l’Etat (la préfecture, le conseil départemental et la mairie sont impliqués) évoquent une extraction en septembre.  Cependant, impossible de tenir jusque-là pour Alain.  

« Mes jours sont comptés, je ne vis pas, je survis. Je ne bouge pas d’un millimètre, je suis toujours par terre. Et pour faire mes besoins, je me demande comment je fais. J’ai besoin d’être hospitalisé, car ma vie est en jeu. Dans quelques heures je ne serai peut-être plus de ce monde »
 

Alain témoigne

 

« Cela fait trop longtemps que cela dure » pour les frères

L’urgence est absolue pour son frère Jean-Claude, qui s’occupe de lui depuis plusieurs années. Les deux frères ont d’ailleurs du mal à dire exactement depuis combien de temps Alain est dans cet état. Selon eux, la situation serait critique depuis juillet 2019. Depuis, le temps est long pour Jean-Claude. « Cela fait depuis juillet que les pompiers sont venus et depuis ce temps, ils ne s’occupent plus et ne regardent pas s’il va bien. Et c’est ce docteur (du conseil départemental) qui ne fait que reporter les rendez-vous. Ça fait un an que ça dure et regardez le résultat ! » s'impatiente-t-il. 

Jean-Claude, le frère d'Alain

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Pour avancer, Alain et Jean-Claude ont donc fait appel à un avocat. C’est Maître Jean Codognès qui est en charge du dossier. C'est d'ailleurs lui qui a réussi à convaincre les deux frères d’accepter l’évacuation. Désormais, il s'étonne de l'inaction des instances locales. 

« Franchement je ne comprends pas qu’on ne puisse pas dans l’urgence, demain, aujourd’hui, après-demain, évacuer un homme dont le processus vital est visiblement engagé. Alors, on nous dit que cela dure depuis pas mal de temps, mais cela peut encore durer un mois et demi. Je ne le crois pas. Dès lors qu’on a une situation de souffrance à la fois humaine, sociale, intellectuelle, je pense qu’il y a urgence à intervenir, et que tous les jours comptent », explique l’avocat.
 

Maître Jean Codognes, avocat des deux frères



Le médecin du conseil départemental répond

Après avoir joint les différentes administrations impliquées, c’est finalement le médecin du conseil départemental qui s’exprime, lui qui suit la situation d’Alain depuis plusieurs mois. Selon lui, et en opposition aux propos des deux frères, la situation dure en raison de leur « refus d’obtempérer ». « On demande depuis le mois d’août de pouvoir soumettre les locaux à un regard des pompiers et des techniciens du bâti pour l’évaluation de l’extraction. Les deux frères sont toujours dans le refus. »

C’est finalement ce mercredi que la situation se débloque, alors que sous ordre du procureur, trois policiers se présentent au domicile des deux hommes. « Là encore ils ont refusé d’ouvrir leur porte. Puis de mon côté, c’est au bout de deux heures de négociation par téléphone, qu’ils ont finalement accepté. »

Alors que le praticien comme les frères se renvoient la faute, l’extraction elle, ne devrait pas se faire avant septembre. « Une entreprise spécialisée devra encore évaluer l’extraction et prévoir la mise en place pour soutenir le plancher pour ne pas qu’il s’effondre, mais aussi pour casser la fenêtre où sortira l’homme. L’évaluation nécessitera au moins quinze jours. Et puis est-ce qu’au mois d’août une entreprise spécialisée sera mobilisable ? Je ne sais pas », explique-t-il.

Au vu de l’urgence de la situation, impossible de dire si une solution sera trouvée avant la rentrée. Alain lui, espère de son côté être libéré d’ici la fin du mois de juillet.