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Albi. Deux manifestants condamnés à des peines avec sursis, relaxe pour trois autres

Deux manifestants ont été condamnés à quatre mois de prison avec sursis après des dégradations, en marge d'une manifestations contre l'utilisation du 49.3 par le gouvernement le 16 mars dernier. Jugés pour avoir déplacé une ganivelle, trois autre prévenus ont été relaxés.

Syndicaliste Albi procès tribunal
Entre 200 et 300 personnes étaient présentes devant le tribunal le temps de l'audience
Crédit : Axel Mahrouga

2 mai 2023 à 22h09 par Axel Mahrouga

Le jugement vient à peine de tomber et déjà, dans la salle d'audience du tribunal d'Albi (Tarn), les huées résonnent. Ce mardi 2 mai 2023, cinq manifestants étaient poursuivis devant la juridiction à la suite de dégradations devant la préfecture pendant une manifestation consécutive à l'utilisation du 49.3 par le gouvernement pour la réforme des retraites. Parmi eux, trois ont des fonctions de représentants syndicaux.

Leur interpellation, à l'aube, le 30 mars dernier avait choqué les rangs des syndicalistes et un rassemblement s'était organisé à la mi-journée devant le commissariat d'Albi. Prévu le 31 mars dernier, le procès en comparution immédiate avait été renvoyé, les prévenus ont usé de leur droit de disposer d'un délai pour préparer leur défense. Cet après-midi, ils étaient environ 250 à venir les soutenir devant l'entrée du tribunal.

Devant les juges, trois d'entre eux comparaissaient pour avoir déplacé une ganivelle, une barrière en bois, positionnée sur une voie de bus, en vue de monter « une petite barricade ». Un acte « symbolique » selon eux, repéré par des caméras de vidéo-surveillance. Élément probant pour le ministère public, « la vidéosurveillance sauve nos clients », selon Maître Claire Gimenez. À l'appui, des photos et une chronologie démontrant que les trois manifestants n'avaient pas pu démonter cette fameuse ganivelle, mais qu'il l'avaient bien trouvé gisant au sol.

Sans action clairement établie des prévenus démontant qu'ils ont bien arraché la petite barrière, le tribunal d'Albi n'a pas retenu contre eux le délit de dégradation ou détérioration du bien d'autrui pour lequel ils comparaissaient. Tous les trois ont été relaxés alors que le parquet demandait 70 heures de travail d'intérêt général à leur encontre.

 

UNE «TENTATIVE DE CRIMINALISATION DU MOUVEMENT SOCIAL»

 

Les deux autres prévenus à la barre ce mardi étaient suspectés d'avoir envoyé cette ganivelle dans un feu de poubelle qui brûlait devant la préfecture du Tarn ce soir de mobilisation. « Il y a un fait que j'ai reconnu, j'ai balancé une barrière en bois dans le feu, mais qui était à quatre mètres du portail de la préfecture », acquiesce Daniel Coutarel, de la Confédération paysanne, à la sortie de l'audience. Mais lui aussi insiste sur le caractère « symbolique» de l'action.

 

Pour ces faits reconnus, les deux prévenus ont été condamnés à 4 mois de prison avec un sursis simple au terme d'un procès « qui n'est pas pour juger le fait de manifester », rappelle la Procureur de la république d'Albi, Stéphanie Bazart. Une peine « complètement disproportionnée », selon l'avocat de Daniel Coutarel, maître Arnaud Boulet-Gercourt, qui, durant sa plaidoirie, s'est interrogé sur l'indépendance du parquet dans cette affaire. « Le préfet s'est déplacé en personne dans les locaux du commissariat pour déposer une plainte, ce qui est absolument inédit. De toute évidence, il y avait une volonté de la préfecture de réprimer de la façon la plus sévère possible cette action et je constate que le ministère public a suivi les consignes que lui donnait la préfecture, je suis obligé de le dire ».

Les cinq prévenus sont sortis sous les applaudissements de leurs soutiens, toujours massés devant l'entrée du tribunal après presque quatre heures d'attente.