Affaire Jubillar. Le ministère public demande un complément d'information après un parloir entre une mère et son fils
Enième épisode dans l'enquête sur le meurtre de Delphine Jubillar. Cette fois le parquet général veut vérifier une conversation récemment captée en prison. Décryptage.
Publié : 12 janvier 2024 à 14h14 par Brice Vidal
Le parquet général de Toulouse demande un complément d'information dans l'affaire Jubillar, après "une interception à un parloir" nous indique des sources judiciaires concordantes, confirmant des révélations ce vendredi de La Dépêche du Midi.
Selon le quotidien régional "une conversation captée à la prison centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) entre un détenu et sa mère vient jeter le trouble". Au cours de cet échange au parloir, traditionnellement sur écoute pour des raisons de sécurité, le détenu s'épanche sur l'affaire Jubillar, alors que l'instruction est arrivée à son terme :
"Mais il n'y a pas de preuves, pas de preuves... Et Sofiane, et Sébastien et Mathieu, ils les connaissent pas !" lâche le prisonnier. "Ah ! s'ils savaient..." répond la mère.
La pénitentiaire a prévenu la justice
La direction des services pénitentiaires a immédiatement transmis l'interception à la justice. Sauf que Audrey Assemat et Coralyne Chartier ne sont plus compétentes, les deux juges d'instruction ayant rendu leur ordonnance de mise en accusation. Et la Chambre de l'Instruction de la cour d'appel de Toulouse doit examiner ce jeudi 18 janvier 2024 cette O.M.A, les avocats ayant fait appel du renvoi devant la cour d'assises. Le parquet général va donc demander complément d'information, libre à la Chambre de l'instruction de faire droit à cette demande.
Les protagonistes seront-ils auditionnés ?
Si la CHINS valide la requête du parquet général, deux conséquences : premièrement un éventuel procès sera inévitablement retardé - d'au moins deux mois selon nos informations.
Deuxièmement, soit la Chambre de l'instruction décide de piloter elle-même ce complément d'information en diligentant un service d'enquête, soit Audrey Assemat et Coralyne Chartier auront pour mission d'auditionner le détenu et sa mère, mais pourquoi pas d'entendre (à nouveau pour certains) les trois personnes citées dans la conversation captée en prison, si tant est qu'elles soient toutes identifiées.
Car les enquêteurs de la Section de recherches de Toulouse ont bien entendu certains des protagonistes cités, contrairement à ce que le duo déclare, il ne s'agit pas d'inconnus. Si les prénoms de "Sofiane" et "Sébastien" font référence à des connaissances de Cédric Jubillar entendues au cours de l'enquête, un coup d'oeil dans nos archives du dossier n'a pas permis, à ce stade, de déterminer qui est l'individu baptisé Mathieu.
"Ce n'est pas une carence de l'instruction"
Le parquet général veut-il purger une scorie du dossier, un non-événement ; pour éviter que la pugnace défense du plaquiste ne s'en saisisse et crie à l'acharnement ou s'agit-il d'une réelle avancée dans la recherche de la vérité ? Une source très au fait du dossier, nous glisse "le détenu enregistré n'a aucun rapport avec l'affaire Jubillar."
Contacté, Franck Rastoul le procureur général près la cour d'appel de Toulouse se contentait de nous préciser que "procéduralement il n'y avait pas d'autres solutions puisque les juges étaient dessaisis lorsque nous en avons pris connaissance, ça n'est en rien la démonstration d'une carence de l'instruction".
Accusé d'avoir tué et fait disparaître le corps de son épouse dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines (81), Cédric Jubillar est mis en examen pour meurtre par conjoint et incarcéré depuis le 18 juin 2021 et clame son innocence. Le parquet général a requis depuis deux ans et demi son maintien en détention en raison "d'indices graves et concordants."