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A69. "Sidéré" par l’interview d'un ministre, le maire de Castres craint que l’Etat n’annule le projet d’autoroute

Entretien 100% Radio. Pascal Bugis, discret ces dernières semaines, est monté au créneau sur le dossier de l’autoroute Castres-Toulouse, suite aux propos de Clément Beaune.

Pascal Bugis Conseil municipal
Le maire de Castres Pascal Bugis
Crédit : Axel Mahrouga

26 avril 2023 à 10h02 par Brice Vidal

Le ministre des Transports Clément Beaune veut-il abandonner le projet d’autoroute Castres – Toulouse ? Il s’est exprimé, ce lundi, chez nos confrères de France Info sur l’A69, alors qu’une manifestation d’opposants a rassemblé des milliers de personnes samedi. Clément Beaune lundi a promis de revoir « un certain nombre de projets routiers ». Est-ce que le concessionnaire Atosca-NGE sera lâché en rase campagne ? L’entretien a en tout cas laissé perplexe les élus du sud du Tarn. Secteur où plusieurs observateurs trouvaient Pascal Bugis - autrefois grand promoteur du projet, discret sur le sujet de l’A69 ; pile à l’heure où le bitumage cristallise les oppositions, y compris au niveau national. Mais à l’image des contestataires samedi, le maire de Castres est finalement sorti du bois sur notre antenne.

 

« L’Etat va-t-il se laisser impressionner ? »

« On n'est plus dans le temps de la discussion » tempête Pascal Bugis pour qui sur ce dossier « tout a été tranché par quantités de juges et d’élus, dans le cadre de discussions juridiques et démocratiques. » « L’Etat va-t-il se laisser impressionner ? » demande l’édile qui a très peu gouté l’interview de lundi « j’ai été sidéré d’entendre les propos du ministre » car « si on m’explique qu’on n'est plus dans un Etat de droit, ça veut dire qu’on glisse lentement vers l’anarchie. » Pour Pascal Bugis le flou est entretenu par Clément Beaune qui, sans le dire clairement, remet en cause la légitimité du projet.

 

Crainte du "classement sans suite" comme à Notre-Dame-des-Landes

Selon une source au minstère des Transports consultée lundi, Beaune veut s’assurer que le projet soit écologiquement correct « au regard des enjeux de 2023 : lutte contre l’artificialisation des sols, réduction des émissions de CO2, mais aussi l'aménagement des territoires ». Le maire de Castres y voit un début de rétropédalage « depuis l’avènement du Président Macron et la pirouette opérée sur Notre-Dame-des-Landes, j’ai toujours craint que le projet d’A69 ne connaisse le même sort ». Sur le volet environnemental, il ne décolère pas, « on nous dit que c’est un projet anachronique : c’est absurde ! L’enquête environnementale a reçu un avis favorable à l’unanimité de ses membres et elle a été terminée début 2023, qu’on ne vienne pas me dire qu’il faut recommencer » s’étrangle-t-il, « face à l’absurdité, je suis sans parole. »  

 

C. Beaune "n’était pas là il y a 20 ans"

Le ministre a aussi égratigné les élus locaux favorables au projet « je les ai peu entendus ces derniers jours, s'ils tiennent au projet il faut qu'ils le disent clairement [...] dans le département, dans la région et dans la ville de Castres » taclait Clément Beaune au micro de nos confrères. P. Bugis n'a que peu goûté la saillie qui visait Christophe Ramond, président du Conseil Départemental, Carole Delga la présidente de la Région et donc, lui même : « qu’est-ce qu’il attend des élus du territoire ? Il n’était pas là il y a 20 ans Mr Beaune au départ du dossier, quand nous nous sommes livrés à tous les débats, études, enquêtes, on ne va pas refaire le match ! » peste-t-il. « Il attend qu’on redise qu’on est pour l’autoroute, la quasi-totalité des élus de terrain l’a dit, le monde économique est à nos côtés, le monde syndical l’était, Mme Borne est venue sur le territoire valider le projet, va-t-on en discuter jusqu’ à la fin des temps ? » Clément Beaune a promis « la réponse [...] avant l’été » sur les projets routiers controversés. En attendant, les pro-autoroutes et le bassin castro-mazamétain retiennent leur souffle.

Réaction de Pascal Bugis sur les propos de Clément Beaune au sujet de l'Autoroute A69