100% chez vous dans les P.O avec PHILIPPE : Thierry Tremblay raconte la légende des sept sorcières

La légende raconte qu’au village de Canet, un pécheur fort comme un chêne, bon et très gentil a pour nom Vicens.

Un jour, Vicens, se dispose à pousser sa barque à la mer pour aller au large, lorsqu'il s'aperçoit que la coque est mouillée.

Il pense qu'un camarade s'en ait servi sans l'avertir, mais il constate que tout est à sa place : cordages, rames et gouvernail.

Le lendemain matin la coque est de nouveau mouillée, alors que la barque n’a visiblement pas bougée du rivage.

Vicens interroge quelques marins qui affirment n'avoir jamais touché son embarcation.

Ses amis lui conseillent alors de se cacher pendant la nuit et de rester aux aguets.

Le soir même, Vicens se blottit derrière un amas de gros filets à quelques mètres de sa barque, attendant les événements avec patience,

confiant à sa pipe le soin de chasser l'ennui.

L'horloge de l'église résonne alors et Vicens compte les heures sur ses doigts : dix, onze, douze ; minuit !

Brusquement, des lumières vacillantes dans la nuit noire apparaissent comme des feux follets.

Vicens distingue parfaitement plusieurs femmes qui prennent place dans sa barque.

Furieux, il est sur le point de chasser ces dames de mauvais augure, lorsque l'une d'elles, élève la voix et annonce :

Une pour un, une pour deux, une pour trois, une pour quatre, une pour cinq, une pour six, une pour sept !

Et la barque glisse sur le sable et disparait à l'horizon.

Déconcerté par ce qu’il vient de voir, le pécheur finit par aller se coucher.

Le lendemain matin il va immédiatement trouver l’officier de justice qui lui recommande de se cacher mais cette fois-ci dans l'embarcation pour reconnaître parfaitement les sept bruixas ; car cela ne faisait aucun doute, il ne peut s’agir que de sorcières !

A la nuit tombante, Vicens se cache dans la cale de sa barque et comme la veille, les sept femmes arrivent à minuit.

L’une d’entre-elle annonce la formule magique et la barque disparait rapide comme l'éclair.

Elle vogue loin, bien loin, et arrive dans un pays que Vicens ne connait même pas.

Les sept femmes débarquent, entame une danse diabolique, puis s'éloignent vers un village.

Terrorisé, Vicens reste caché. Lorsque les bruixas reviennent, riant de leurs méfaits, en quelques bourrasques de Tramontane, la barque accoste sur la plage roussillonnaise.

Le lendemain, Vicens retourne chez l’officier et lui explique les détails de son voyage.

- « Je les connais toutes, annonce Vicens, et je peux vous les désigner à l'église. »

Le dimanche suivant, comme convenu, l’Officier et Vicens sont postés à l'entrée de l'église, près du bénitier, assistant au défilé des fidèles.

Et chaque fois qu'une des sorcières passe, Vicens annonce tout bas à l’Officier.

Six sorcières sont ainsi reconnus, mais la dernière tarde à venir, lorsque subitement passe la femme de l’Officier.

- Celle-ci est celle qui annonce la formule magique !

En colère, il interpelle pêcheur.

- Mais que dis-tu Vicens ? Cette femme est mon épouse !

Le magistrat ne peut en croire ses oreilles.

Rentré chez lui, il interroge sa femme et reçoit ses aveux.

Il apprend alors qu’elle était bien à bord de la barque de Vicens !

C’est de toute évidence une bruixa.

Ayant été découvertes, les sept sorcières furent aussitôt chassées de Canet.

Elles ne se réunirent plus et cessèrent immédiatement leurs méfaits.

Quant à l’Officier, il promet à Vicens une barque neuve à condition qu'il ne parle jamais des évènements dont il vient d’être témoin, et surtout de ne pas trahir son épouse.

Malheureusement, la discrétion n'étant pas la principale qualité du pécheur, les gens du pays connurent tous sa curieuse aventure dès le lendemain.

La sorcière, femme de l’Officier disparu à son tour et on ne revit jamais les sept bruixas de Canet en pays catalan !