ActualitésPyrénées-Orientales

Scandale Dépakine / mise en examen du groupe Sanofi : une grande victoire pour l'Apesac dans les Pyrénées-Orientales

4 février 2020 à 17h55 par John Bourgeois

Cette association basée à Pollestres a mis en lumière le scandale du médicament antiépileptique. Sa présidente Marine Martin a été l'instigatrice des procédures judiciaires à l'encontre du groupe pharmaceutique français. Elle réagit à notre micro 100 %.


La Dépakine est un antiépileptique qui aurait provoqué des malformations congénitales et un risque accru d’autisme ou de retards intellectuels, lorsqu’il était prescrit aux femmes enceintes. Le groupe pharmaceutique français Sanofi, qui commercialise le médicament, a annoncé ce lundi 3 janvier son inculpation pour "tromperie aggravée" et "blessures involontaires". 

​Une très bonne nouvelle pour Marine Martin. Cette habitante de Pollestres est présidente de l’association Apesac. Son enfant est handicapé à 80 %, avec des troubles autistiques importants, suite au médicament pris pendant sa grossesse. Elle a été la première maman à avoir porté plainte et à avoir révélé le scandale qui représente des milliers d'enfants. En France, 14 000 personnes sont touchées dont 316 en Occitanie. 
 

'C'est une grande victoire ! Nous sommes très contents que Sanofi soit désigné comme responsable. J'ai hâte de pouvoir enfin m'exprimer devant les magistrats pour expliquer comment je pense que les choses ont dû se dérouler pendant toutes ces années, et pourquoi il y a eu une rétention d'information à destination des patientes. Pendant 50 ans, le laboratoire a pu gagner énormément d'argent avec une maladie extrêmement répandue. Malheureusement, c'est dans un but lucratif qu'ils ont volontairement ommis un effet secondaire très grave de leur médicament."
 

Marine Martin, présidente de l'Apesac


L'inculpation du groupe Sanofi est le résultat d'une longue lutte pour Marine Martin. Tout a commencé suite à sa plainte au pénal en mai 2016. Une instruction judiciaire avait alors été ouverte. L'enquête a ensuite duré quatre ans, et de nombreuses familles ont pris part dans l'affaire. Pendant ce temps, la présidente de l'Apesac a rencontré le juge d’instruction, lui a fourni de nombreux documents et de preuves, qui ont dûs être analysés. Aujourd’hui un rapport devrait être finalisé dans les prochains jours. Un dossier "résumé" de ces années d'enquête. Marine Martin l'attend avec impatience, car il sera porteur de réponses.
 

"Pour moi c'est capital de savoir quels sont les différentes responsabilités dans ce dossier. Effectivement il y a le producteur Sanofi, mais il y a également l'Agence de santé (ANSM) qui n'a pas fait son devoir de gendarme du médicament, et enfin les neurologues qui, à partir de 2006, avait dans la notice à destination des médecins l'information que ce médicament ne devait pas être donné chez la femme enceinte et en âge de procréer."
 


Selon l'AFP, Sanofi a estimé dans un communiqué que cette mise en examen lui permettrait « de faire valoir tous ses moyens de défense et sera l’occasion de démontrer qu’il a respecté son obligation d’information et fait preuve de transparence, » et qu’il « continuera de coopérer pleinement avec les autorités judiciaires et a toute confiance dans les suites de la procédure ». Une réponse qui ne convient pas à l'association d'aide aux victimes.
 

"Sanofi a tout fait dans les procédures judiciaires pour retarder l'échéance... Cela fait 35 ans qu'on rend les enfants handicapés, autistes, avec la Dépakine, sans les avoir informés. Donc moi je suis prête à fournir tous les éléments pour prouver au juge qu'effectivement Sanofi n'a pas informé et au contraire, a tout fait pour que l'information ne circule pas."