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Piscines squattées : "c’est un poison" raconte une ancienne responsable de copropriété à Toulouse

Témoignage. Béatrice a abandonné ses fonctions après de multiples incidents avec des jeunes qui s’incrustaient.  

2 août 2022 à 8h46 par Brice Vidal

 

L'été caniculaire signe le retour des squatteurs de piscines à Toulouse. Le scénario observé dès 2018 est souvent le même : les locataires ou propriétaires veulent profiter de la quiétude de leur bassin privé, mais découvrent des bandes de jeunes, souvent agressifs, qui ont pris possession du lieu. Le phénomène a-t-il pris de l’ampleur ? Pourquoi la ville de Toulouse est-elle particulièrement touchée ?

« Il y a eu des années où ils venaient la nuit et détérioraient les clôtures pour entrer » nous explique Béatrice qui habite une résidence avec piscine au sud de Toulouse. Son écrin de fraîcheur se trouve à l’entrée de la résidence dont elle préfère taire l’adresse, « je ne veux pas que ça recommence, c’est un poison ». Les locataires et propriétaires sont peu nombreux à profiter du cadre idyllique, « certains viennent se baigner le matin ou le soir, parfois pour ne pas être gênés », tous travaillent en journée et c’est là que les squatteurs « très bruyants » s’installent. Cette année il y a eu peu d’incidents « des adolescentes ont essayé mais ont vite été refoulées » nous raconte une résidente qui vit là depuis 15 ans. Un autre témoin, quinquagénaire pimpante, nous affirme avoir été traitée de « bourgeoise » par des jeunes malintentionnés durant le mois de juillet.

 

Des confrontations tendues avec copropriétaires et locataires

 

Béatrice, elle, a géré la copropriété et a longtemps dû s’employer pour faire déguerpir les squatteurs de piscines. La plupart du temps les perturbateurs sont âgés d’une vingtaine d’années « ce sont des jeunes que rien n’arrête, qui venaient souvent alcoolisés et qui partent du principe que c’est une piscine publique » s’émeut-elle. Pour la septuagénaire, la confrontation avec ces groupes a été « physique » parfois « c’est difficile, ils ne comprennent pas que ce soit une femme qui s’oppose à eux ; une fois ç’a failli mal tourner, heureusement un des jeunes a compris qu’ils allaient trop loin et a arrêté les autres, sinon je pense qu’on m’aurait tapé dessus ». Ce jour-là la copropriétaire déterminée a immortalisé la scène avec son smartphone, « ça les a fait réfléchir probablement ». Les squatteurs étaient en effet connus de la police.

 

Tapage et saccage

 

Fatiguée, la retraitée a donc décidé de jeter l’éponge suite à ces incidents répétés « j’ai souvent été la seule à m’opposer à eux », elle ne s’occupe plus de la « copro » aujourd’hui. Car il y a aussi le problème du saccage ; « des fois ils cassaient des bouteilles qui atterrissaient au fond de la piscine et détérioraient notre club-house » ; « avant ils passaient sous le portail d’entrée qu’on a changé et aujourd’hui se faufilent au moment où les gens pénètrent en voiture dans l’enceinte ».

Cette année la résidence de Béatrice, qui paie 280 euros de charges par mois pour profiter de sa piscine, n’a pas (ou peu) été squattée. Sur la Ville rose, on a recensé environ 200 signalements depuis le mois de mai via la plateforme Allô Toulouse, sans compter les 10 à 15 signalements par mois en zone gendarmerie (périphérie). Il est vrai que Toulouse où la mairie a lancé un plan piscine, manque de bassins modernes. Trois piscines de proximité y sont fermées actuellement selon l'association 60 millions de piétons 31- Chapou, Mirail et Jean-Boiteux - qui appelle à une extension des horaires d'ouverture dans toutes les piscines de quartier. La mairie rectifie en précisant que Jean Boiteux - piscine couverte - est fermée l'été, Papus ouvre l'été du lundi au dimanche à 12h. Quant à Chapou, récemment en cours de remplissage, « elle a rouvert après analyses de l'eau conformes. »