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Le procès à Paris d'une filière jihadiste toulousaine et albigeoise

Le retour de Syrie de trois d'entre eux avait suscité la polémique.

17 octobre 2017 à 8h37 par Brice Vidal

Le procès de six présumés jihadistes originaires de Toulouse et Albi s'est ouvert lundi à Paris : le rocambolesque retour de Syrie de trois d'entre eux, expulsés par la Turquie en 2014, avait suscité une vive polémique. Parmi ces six hommes, qui comparaissent devant le tribunal correctionnel pour des séjours en Syrie en 2014, certains ont gravité dans la mouvance radicale toulousaine, dans l'entourage de Mohamed Merah ou des frères Clain. En premier lieu Abdelouahed El-Baghdadi, le beau-frère de Mohamed Merah - époux de sa soeur Souad Merah. Un hasard du calendrier alors que se déroule deux étages plus haut, devant la cour d'assises spécialement composée, le procès du frère du tueur au scooter, Abdelkader Merah. Abdelouahed El-Baghdadi, 32 ans, occupe le box des accusés avec trois autres prévenus, dont Imad Djebali, 30 ans, et Gaël Maurize, 27 ans. Arrivés en Syrie au printemps 2014, ces trois hommes avaient décidé de rentrer en France à l'été sans en avertir l'organisation Etat islamique, selon eux parce que la situation sur place ne leur convenait pas. De Turquie, ils avaient fini par être expulsés vers Marseille, alors que les policiers français les attendaient à Orly. A la faveur de ce dysfonctionnement franco-turc, ils s'étaient évanouis dans la nature à leur descente d'avion, avant de se rendre le lendemain à la gendarmerie du Caylar (Hérault). 

 

Une dizaine d'autres Toulousains et Albigeois étaient partis en Syrie au même moment, au printemps 2014, souvent en famille. Parmi eux, des profils "relativement inquiétants", a noté le président du tribunal, tels Sabri Essid, demi-frère par alliance de Merah, ou Jean-Michel Clain, qui avait revendiqué avec son frère Fabien les tueries du 13 novembre. Ils seraient toujours en Syrie. Les enquêteurs considèrent que cette filière "toulousaine" émane de celle dite d'Artigat (Ariège) vers l'Irak. Le prévenu Imad Djebali a été condamné en 2009 dans cette affaire, comme Sabri Essid. M. Djebali, longuement interrogé lundi, est soupçonné par les enquêteurs d'être un chef de ce groupe de Toulouse. Alors que le procureur s'est interrogé sur sa proximité avec la mère et la famille de Mohamed Merah en soulignant qu'il avait assisté à son enterrement, il s'est défendu de toute proximité idéologique avec le tueur. Les six prévenus nient avoir combattu pour le compte de l'organisation Etat islamique. Et ces séances de sport en forêt et d'airsoft - jeu utilisant des répliques d'armes de guerre - avant de partir en Syrie ? "L'airsoft, c'était un jeu, on ne fait pas d'airsoft pour aller faire la guerre", a répondu Imad Djebali. Entre 2011 et 2014, le groupe était dans l'idée de "vivre en autarcie", a-t-il assuré, comme dans les "thèses survivalistes". Le procès est prévu jusqu'à vendredi.
  


Source : AFP.