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INFO 100% - Sécheresse. Privées d’arrosage, les plantes rares du jardin botanique de Toulouse en grand danger

Les espèces, classées au même titre que des collections muséographiques, n’ont pour l’instant pas obtenu de dérogation préfectorale. Leur arrosage reste interdit.    

10 août 2022 à 16h38 par Brice Vidal

 

L’Arbre aux houpettes d’Amérique du Sud est en petite forme, les feuilles du cacaoyer d’Amazonie se flétrissent, la gratiola ou les plantes aquatiques ne vont pas tarder à sécher...

 

Interdiction d'arroser des plantes en voie d'extinction ?

Les plantes rares du jardin botanique de Toulouse n’ont plus, pour certaines, que quelques jours à vivre. « Privées d’eau, elles ne tiendront pas longtemps » explique Jean-Yves Marc, le chef des cultures de cette structure qui dépend de l’Université Paul-Sabatier. Avec l’arrêté préfectoral interdisant l’arrosage des espaces extérieurs « les collections sont en danger ». Sans eau, elles ne tiendront pas.

Surprise de n’avoir aucune dérogation automatique pour son jardin botanique, la directrice Nathalie Séjalon-Delmas et son adjointe Isabelle Nottaris ont sollicité une dérogation auprès des services préfectoraux. A l'heure où nous écrivions ces lignes, aucune réponse positive n’était parvenue et la préfecture n’avait pas donné suite à nos sollicitations.

 

 

« Nous ne sommes pas un jardin d’agrément » souligne le jardinier en chef « il y a ici des collections qui ont plusieurs intérêts : la conservation ex-situ d’espèces menacées mais aussi la conservation à but pédagogique et ces plantes servent aussi pour la recherche, comme dans la cinquantaine de jardins botaniques de France ».

 

Certaines pourraient être définitivement perdues

« Les plus menacées sont les grandes plantes tropicales en pot » car « elles épuisent rapidement l’eau contenues dans le volume de terre ». Si les plantes rares meurent « on mettra beaucoup de temps à les refaire pousser, pour d’autres on n’est pas sûr de les retrouver » souligne le jardinier en chef qui rappelle que « lors de la création du barrage de Petit-Saut en Guyane, des scientifiques nous avaient amené des plantes tellement rares qu’elles n’étaient même pas répertoriées. »  

 

 

2500 espèces conservées

« 2500 espèces sont conservées dont des dizaines sont très rares : on a des collections ethnobotaniques qui retracent l’histoire des relations entre l’être humain et les plantes, une collection baptisée adaptation aux milieux aride ou humide ainsi que des collections d'insectivores ou de carnivores » nous explique le responsable du lieu dans son seul havre préservé de la sécheresse, la serre tropicale humide du jardin botanique qui jouxte le Muséum de Toulouse. L'ensemble de ces plantes font partie du patrimoine commun et, ironie du sort, appartiennent à l'Etat puisque propriété de l'Université Toulouse III.

 

 

« Ce qui est râlant » note JYM « c’est que le jardin est arrosé par le réseau d’eau potable, alors que nous avons la nappe phréatique de la Garonne à quelques mètres sous nos pieds : il suffirait d’avoir creusé un puits pour pouvoir arroser la nuit ». Une idée pour anticiper les prochaines périodes de canicule.

Peu de temps après la parution de notre reportage, le jardin botanique indiquait avoir "un accord oral de la DDT" (Direction des territoires) pour maintenir l'arrosage Allée Jules Guesde et sur le deuxième site de Borderouge "moyennant des économies d'eau".