Gendarme fauchée en Lot-et-Garonne: la folle équipée du chauffard à 150 km/h

Impact "délibéré" ou "accident"? Au deuxième jour du procès d'un chauffard ayant mortellement percuté une gendarme en juillet 2020 dans le Lot-et-Garonne, la cour d'assises s'est penchée mardi sur le déroulé de la course-poursuite à plus de 150 km/h impliquant le trentenaire.

Publié : 8h32 par Franck Paillanave avec AFP

Vitesse excessive, manoeuvres brusques et dépassements dangereux, stops et feux ignorés... En visionnant les images de la caméra embarquée des gendarmes pourchassant le fuyard, la cour a pu reconstituer la folle équipée de Yassine El Azizi, aujourd'hui âgé de 31 ans, qui a abouti au décès de Mélanie Lemée, 25 ans.


L'accusé, qui conduisait sans permis, sous l'emprise de stupéfiants et avec environ 160 grammes de cocaïne à bord, est jugé jusqu'au 25 juin pour violences volontaires sur personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Le 4 juillet 2020, la course-poursuite s'est étirée sur 20 kilomètres, parcourus en seulement 11 minutes, entre Colayrac-Saint-Cirq, près d'Agen, et Port-Sainte-Marie. "Il a une grande maîtrise de la conduite", a témoigné le directeur d'enquête de la Section de recherches de Bordeaux.


C'est pour stopper le chauffard que les gendarmes ont déployé deux herses à Port-Sainte-Marie, quelques secondes avant son arrivée.Ce dernier a alors donné un violent coup de volant vers la gauche, la où se trouvait Mélanie Lemée. Des images particulièrement crues diffusées mercredi, en l'absence de ses parents qui ont quitté la salle d'audience, ont montré le corps amputé de la jeune femme, sa jambe gauche arrachée par la violence du choc. Pour Me Edouard Martial, avocat de la défense, la question se pose de savoir si Yassine El Azizi a pu voir la gendarme avant "l'accident".


Un expert de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) a conclu, après analyse des vidéos, "qu'on ne voit pas Mélanie Lemée", a assuré le conseil. En revanche, pour Me Philippe Bellandi, avocat des parents de la victime, le chauffard a agi "délibérément". "Il a agi en conscience, avec détermination et avec violence. On ne rentre pas à 150 km/h dans une zone de quatre mètres où on sait qu'il y a deux gendarmes", a estimé l'avocat. "Il risque la perpétuité si on qualifie les faits de crime."


En garde à vue, Yassine El Azizi avait d'abord déclaré avoir vu la gendarme jeter la herse sur la route, avant d'évoquer un "reflet sur le pare-brise" qui l'aurait empêché de la voir.