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Une Perpignanaise décédée après avoir été enfermée dans sa voiture : sa famille souhaite être entendue

Par le biais de leur avocat, la soeur et la mère d'Adeline s'interroge aujourd'hui sur le statut de son conjoint, suspecté de sa séquestration.

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29 septembre 2021 à 18h12 par John Bourgeois


C'est une famille dévastée qui s'est présentée il y a quelques jours devant Maître Audier-Soria, et qui souhaite aujourd'hui s'exprimer. Celle d'Adeline Leroy, une Perpignanaise de 30 ans, morte le 25 septembre dernier à l’hôpital. Elle y avait été conduite en hyperthermie par son mari, après être restée enfermée plusieurs heures en plein soleil dans une voiture.

Elle était ensuite tombée dans le coma, avant de décéder quelques jours plus tard. Une information judiciaire pour tentative d’homicide et séquestration avait alors été ouverte à  l’encontre de son conjoint, soupçonné donc de l’avoir enfermée lui-même dans sa voiture. En effet, les enquêteurs avait découvert le mercredi 15 septembre une couette, un coussin, et une bouteille d’eau dans le coffre du véhicule en question. 

Le statut du conjoint interroge la famille

Placé au départ en garde à vue, le conjoint d'Adeline a ensuite été remis en liberté, mais n'a pas été mis en examen, faute vraisemblablement d’éléments. Il est donc aujourd’hui placé sous le statut de témoin assisté. La sœur et la mère de la trentenaire se sont désormais constituées partie civile pour avoir accès au dossier, et pouvoir s'exprimer, notamment sur le statut du conjoint. "C'est un statut qui renvoie un signal d'injustice. Une injustice qui s'ajoute à la douleur d'avoir perdu une fille et une soeur", relate l'avocat de la famille Me Audier-Soria, qui, n'ayant pas encore accès au dossier, ne commentera pas les raisons du choix de ce statut.

En contact avec la soeur et la mère d'Adeline, Me Audier-Soria précise leur pensée. "C'est une incompréhension, parce qu'on se dit, lui est en liberté, et nous, on est en train de pleurer notre soeur, notre fille. Et on a des éléments importants à délivrer au juge." En effet, l'avocat parle "d'impatience" de la part de la famille qui souhaite éclaircir la nature de la relation d'Adeline et de son conjoint. 
 

Maître Audier-Soria, avocat de la famille d'Adeline


La mère avait alerté une association d'aide aux femmes victimes de violences

Si la soeur et la mère d'Adeline veulent aujourd'hui être entendues, c'est notamment parce qu'elles pensent pouvoir donner des éléments précis sur la vision qu'elles avaient du couple de la jeune femme. "C'était une famille initialement très fusionnelle. Et le jour où cette relation a commencé, elles ont vu leur fille cadette s'éloigner", précise l'avocat. "Elle parle de deux, trois jours, et soudainement, elles ont vu leur fille quitter le cocon familial", ajoute-t-il.

La mère d'Adeline avait même déjà lancé une première alerte, voyant la tournure que prenait la relation. "Elle a pris attache d'un numéro d'une association d'aide aux femmes battues. Mais au moment des faits, il n'y avait pas eu de rebond par rapport à cette alerte. Il n'y avait pas eu de pont entre les structures qui recueillent ce type d'événement, et les pouvoirs juridictionnels judiciaires." Aujourd'hui, cette affaire pourrait donc selon lui, servir à la réponse pénale liée aux violences conjugales, phénomène qui malheureusement sévit au fur et à mesure des années. "Il y a des petits signaux qui peuvent paraître très infimes au regard d'une situation, mais qui en définitive peuvent être de véritables bombes à retardement", argumente l'avocat. 

Pour l'heure, Me Audier-Soria ne peut donner plus de précisions sur les révélations potentielles de la famille. En attendant qu'elle soit entendue, le magistrat instructeur diligente cette enquête. Une autopsie du corps d'Adeline devait être pratiquée ce mercredi 29 septembre pour préciser les circonstances de sa mort. 

 

Maître Audier-Soria
Maître Audier-Soria




Photo : illustration.