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Une fraude à l'assurance à l'origine du drame de Saint-Laurent-de-la-Salanque ? Des proches en attente d'explications

Cette hypothèse pourrait expliquer les raisons qui ont amené à cette explosion et cet incendie qui ont tué 8 personnes le 14 février dernier. 

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3 mai 2022 à 14h53 par John Bourgeois


"De la tristesse profonde à la colère", voilà l’évolution de l’état du père de Kévin, ce jeune homme de 20 ans parti avec sa compagne et ses deux enfants lors du drame de Saint-Laurent-de-la-Salanque. C'est ce que témoigne son avocat Me Philippe Capsié, qui s'occupe d'accompagner ce proche d'une victime du terrible incendie qui a coûté la vie à 8 personnes la nuit du 14 février dernier. Des sentiments qui ont évolué en fonction des avancées de l'enquête.

Une hypothèse difficile à entendre

Alors que l'origine criminelle ne fait plus beaucoup de doutes aujourd'hui, la thèse de la fraude à l’assurance semble se dessiner pour expliquer les raisons de la mise à feu du bâtiment cette nuit-là. Pour rappel, trois personnes ont été mises en examen au cours de l'enquête. Un principal suspect, âgé de 27 ans, aurait incendié le bâtiment par le biais d’hydrocarbures. Deux autres personnes seraient complices, à savoir le gérant de l’épicerie d'où est parti l’explosiion, puis son frère.

Aujourd’hui, si rien n’est confirmé par le parquet, l’hypothèse que l'épicier ait voulu mettre le feu à son établissement pour percevoir une indemnité d’assurance aurait été entendue au cours des auditions du principal suspect. C'est en tout cas ce que révêle nos confrères de L'Indépendant.  Une piste très dure à accepter pour les familles des victimes. "Lorsque l'on comprend cela, cela ne fait évidemment que remplacer la tristesse par la colère", explique Me Capsié, avocat du père de Kévin, l'une des victimes de Saint-Laurent. 

La famille en attente d'explications

Comment avoir pu en arriver là ? C'est une question au coeur des discussions à Saint-Laurent-de-la-Salanque depuis plusieurs semaines, notamment au sein des familles des victimes. "Il y a à côté de ça le souci de voir comment le ou les auteurs vont se positionner face à la responsabilité qui est la leur dans un passage à l'acte qui leur est reproché", explique Me Capsié. C'est en tout cas la principale attente de son client aujourd'hui : connaître les explications des mis en cause, et notamment de l'épicier. 
 

 

Me Philippe Capsié, avocat du père de Kévin, l'une des victimes du drame


D'autant plus que le commerçant n'était pas un inconnu pour ce père de famille. "Le papa de Kévin a pu expliquer qu'il connaissait cet épicier, qu'il voyait régulièrement auprès de fournisseurs qu'ils avaient en commun", précise l'avocat. "Il a pu se souvenir qu'il avait participé aux funérailles de son fils, ce qui rajoute un sentiment plutôt troublé, et une interrogation accrue qui entretient toujours la tristesse et ce fond de colère", ajoute-t-il. 

L'enquête autour du drame de Saint-Laurent-de-la-Salanque suit aujourd'hui son cours, et devrait permettre dans les prochains jours d'éclaircir les dernières zones d'ombre autour des raisons qui auraient poussé les suspects à agir. Toujours est-il que ce dossier reste "extrêmemement singulier en terme de droit pénal", selon Me Capsié. "Même s'ils n'étaient vraisemblablement pas voulu, la qualification pénale de ces faits de dégradation par incendie ayant entrainé le décès de huit personnes reste une qualification criminelle, et fait encourir à ses auteurs et complices une peine de réclusion criminelle à perpétuité", conclut-il.
 

Me Philippe Capsié,