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Toulouse : comment des conversations cryptées pourraient faire tomber la voyoucratie des Izards

Un vaste coup de filet aurait été lancé cette semaine par la police judiciaire. Des écoutes très compromettantes pourraient permettre de confondre toute une brochette de délinquants toulousains.     

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17 mars 2022 à 21h21 par Brice Vidal

 

Un vaste coup de filet aurait été lancé en début de semaine à Toulouse, plusieurs individus suspectés d’appartenir à la nébuleuse des Izards auraient été placés en garde à vue par la Direction territoriale de la police judiciaire de Toulouse (DTPJ). Une opération de grande envergure dans une enquête qui n’a rien d’anecdotique, les mis en cause ayant été « accrochés » par la division criminelle de la PJ qui ont épluché des centaines de retranscriptions téléphoniques pour arriver à leurs fins.

 

Le quartier du nord toulousain a connu plusieurs fusillades mortelles et règlements de comptes en 2020 et les opérations de police – sécurité publique et police judiciaire - se focalisaient depuis plusieurs mois sur le trafic de stupéfiants. Les armes se sont tues aux Izards car plusieurs individus – têtes de réseaux ou petites mains – avaient été placés sous les verrous. Mais un nouvel épisode serait intervenu cette semaine et il vient couronner de succès une enquête qui n’est probablement pas terminée : une demi-douzaine d'individus auraient été arrêtés ou extraits de prison, plusieurs armes auraient été saisies ainsi qu’environ 150 000 euros en liquide et 1,5 kilo de cocaïne. Les gardes à vue peuvent aller jusqu'à 96 heures pour ce type de dossier. 

 

Un réseau de téléphones cryptés « craqué »

Selon nos informations, ce « ramassage » fait suite à un coup de maître des autorités belges qui ont infiltré un réseau de "cryptophones". Les policiers français, belges et néerlandais agissant dans le cadre de l'Unité de coopération judiciaire de l'Union européenne épluchent donc, depuis plus d’un an, des écoutes issues de ce réseau de téléphonie, réputé inviolable et « craqué » par les autorités judiciaires. Les serveurs étant domiciliés en France. Le système était évidemment très prisé de la voyoucratie européenne. Conséquence de ce piratage : trois millions de conversations, retranscrites mot pour mot, se sont retrouvées à disposition des juges et enquêteurs européens. Il n’y avait qu’à se servir. Et les enquêteurs de la Crim’ ne s’en sont pas privés à Toulouse. 

 

Un homme expliquerait dans une écoute comment il a tué un jeune de 18 ans à Toulouse 

Selon nos informations, lors d'une conversation, le tueur qui a assassiné Ameur Bouazza à Toulouse le 7 septembre 2020 aurait trop parlé et reconnu sa participation. Ce jour-là, rue de l’église de Lalande, la victime de 18 ans défavorablement connue de la police avait été criblée de balles. Une jeune femme mineure avait été également gravement blessée à l'abdomen. Les deux victimes étaient dans une voiture garée, quand le tueur a ouvert le feu.

Au final détaillait le parquet de Toulouse vendredi soir tout en confirmant nos informations, deux hommes de 31 et 35 ans ont été mis en examen pour trafic de stupéfiants, blanchiment et détention d'armes. Deux hommes de 38 et 43 ans ont été mis en examen pour homicide et tentatives d'homicide et bande organisée et en récidive. Enfin deux hommes de 24 et 40 ans ont été mis en examen pour trafic de stupéfiants, blanchiment et homicide en bande organisée et en récidive.