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Tarn. Le loup attaque aux portes de Mazamet, les éleveurs exaspérés

Au moins deux attaques de loup ont été recensées au mois de janvier dans le hameau d'Escaunelles, sur les hauteurs de Mazamet (Tarn). Depuis cet automne, les carnages se multiplient dans les élevages et la tension monte chez les agriculteurs.

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31 janvier 2022 à 21h36 par Axel Mahrouga

Quelques minutes. Voilà ce qu'il a suffi pour que 5 béliers de l'exploitation de la famille Glories, située dans le hameau d'Escaunelles, sur les hauteurs de Mazamet (Tarn), soient sauvagement égorgés par un loup. Un énorme coup dur pour l'exploitant qui raconte « ne plus fermer l'œil la nuit », de peur d'un retour de la bête.

L'attaque s'est produite le 17 janvier dernier, en pleine après-midi. « Ma belle-fille est descendue voir les bêtes à 15h30, elles étaient bien. Nous sommes descendus à 17h30, tout était fait », rapporte Jean-Paul Glories. Depuis, les exploitants sont obligés de rentrer les bêtes et de puiser dans les réserves de nourriture. « J'en avais jusqu'à l'été, là si elles restent dedans, en mars il va falloir que j'en rachète », confie son fils. Des coûts qui s'ajoutent aux frais d'équarrissage de ses bêtes tuées et au rachat des béliers décédés. Comptez 250 euros par animal.

Après l'angoisse d'un retour de l'animal, c'est la colère qui habite la famille d'éleveurs. « Ma grand-mère me racontait à l'époque comment ils avaient fait partir le loup, narre Jean-Paul Glories, ils ont tout fait pour les enlever et maintenant ils les remettent, on nous dit qu'il faut apprendre à vivre avec les loups ». Une situation intenable qui remet en question l'activité même de la famille.

Une trentaine d'attaques recensées

La situation de la famille Glories est loin d'être isolée. À quelques mètres de leur domicile, leur voisin a subi lui aussi une attaque juste après eux. Puis quelques mètres plus loin leur autre voisin a quant à lui perdu une dizaine de bêtes en novembre dernier.

En tout, c'est une trentaine d'attaques qui ont été recensés en 2021. La plus meurtrière a eu lieu à quelques kilomètres de là, à Saint Amans Soult. Cédric Carme a perdu 11 bêtes dont 9 brebis pleines en novembre dernier. « Deux ans de travail », résume-t-il, dépité.

Sur son exploitation, des pièges photos ont été déployés pour essayer d'identifier l'animal. Le premier décembre dernier, le loup a pu être photographié. Et selon l'éleveur, dans le département, il y en aurait deux formellement reconnus. « Ils ont pris du poil, et génétiquement, ils savent que ce sont deux loups différents ». Un troisième, rode-t-il ? « Je ne pourrais pas le dire », clarifie l'éleveur. De l'autre côté de la Montagne noire, dans l'Aude, un loup a également été identifié. Avec un territoire probable de 200 km², l'animal traverse-t-il les frontières du département ? Les analyses génétiques n'ont pas encore permis de le prouver.

Tirs, patous, enclos électrifiés ... Les solutions semblent limitées.

Reste que devant cet état de fait, Cédric Carme martèle qu'il « nous faut des moyens de protection ! » Des moyens oui, mais lesquels ? Tuer ou capturer l'animal ? Impossible, l'espèce est protégée. Utiliser des patous ? Ces chiens font peser de lourdes responsabilités sur les exploitants. Sur l'exploitation de la famille Glories, cette solution semble difficile à mettre en œuvre à cause de la proximité d'un chemin de randonnée proche de leurs terrains.

Reste que des tirs d'effarouchement, en l'air avec des balles en caoutchouc sont possibles sur 3 communes des monts de lacaune.Elles sont soumises à des autorisations de la préfecture. Les éleveurs aimeraient que cette autorisation soit étendue sur une vingtaine de communes, en incluant le bassin mazamétain. En attendant, les agriculteurs échangent avec la préfecture pour trouver des solutions adéquates et craignent déjà les beaux jours, quand leurs animaux seront, à l'air libre, à la merci de cet animal qui est pour eux, « une machine à tuer ».

Légende photo : photographie du loup observé le 1er décembre 2021 à Saint Amans Soult sur la propriété de Cédric Carme.
Crédit photo : OFB 81.