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Sécheresse. "Sur la Garonne, on est en cellule de crise depuis janvier" affirme le Mr. Eau des Pyrénées

La Garonne est à son plus bas niveau historique pour un mois de mars. Jean-Michel Fabre président du SMEAG nous dévoile les mesures déclinées cet hiver qui nous permettront d’avoir de l’eau cet été.  

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1er mars 2023 à 16h48 par Brice Vidal

 

L’Occitanie, comme la France, connaissent une sécheresse hivernale sans précédent. A tel point que le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a appelé les préfets à prendre des arrêtés de restriction d'eau "dès maintenant" pour anticiper d'éventuelles situations de crise pendant l'été. La Garonne est à son plus bas niveau historique pour un mois de mars, « elle est à moins de 50 m3/seconde, alors qu’il devrait y avoir 200 à 250 m3/seconde » regrette Jean Michel Fabre, le Mr Eau dans les Pyrénées. Le patron du syndicat mixte d’étude et d’aménagement de la Garonne (SMEAG) est en cellule de crise depuis le 2 janvier, « on a mis en route toute une série d’actions, en avril ou mai ce sera trop tard ».

 

Les mesures urgentes prises cet hiver pour faire face à la sécheresse

 

Parmi les mesures actées début janvier : EDF a réduit de manière drastique ses lâchers d’eau pour produire de l’électricité « en hiver on turbine beaucoup normalement, courant janvier on a décidé de conserver l’eau de certaines retenues pour cet été ». Il s’agit de pouvoir maintenir la gestion du milieu naturel et l’étiage. Car, rappelons-le, si la Garonne coule en été c’est grâce aux lâchers d’eau des barrages pyrénéens. Heureusement, l’hiver jusque là relativement doux n’a pas obligé à trop faire appel à l’énergie hydroélectrique. Autre mesure : « dès février on a mis en place des systèmes pour pomper l’eau des rivières en remplir des retenus d’eau ». Par ailleurs, Voies Navigables de France a retardé la mise en eau du canal du Midi « pour garder l’eau dans les réserves et en remplir d’autres notamment pour l’eau potable ». Un travail de fonds est aussi mené depuis plusieurs mois avec les agriculteurs pour choisir des cultures moins gourmandes en eau et préserver les zones humides.

 

Des expérimentations et l’espoir d’une neige qui se maintient sur les sommets jusqu’à l’été

 

« L’eau doit impérativement rester là où elle tombe » souligne le pragmatique élu socialiste du Conseil départemental de Haute-Garonne ; « il faut désimperméabiliser les sols en ville, à Toulouse et ailleurs, où lorsqu’il y a un orage tout part dans la Garonne au lieu d’aller dans les nappes !». Le SMEAG a démarré enfin une expérimentation avec le Bureau de recherches géologique et minières (BRGM) pour, grâce au canal de St Martory, tenter de réalimenter la nappe phréatique « on pourrait ainsi stocker à 15 degrés, sans évaporation environ 10 millions de m3 d’eau supplémentaires ». Le syndicat mixte d’étude et d’aménagement de la Garonne réservera à minima en 2023 70 millions de m3 d’eau issus des lacs des Pyrénées et du Massif central. Encore faut-il qu’ils ne soit pas à sec ! La neige tombée cet hiver sur les Pyrénées ne suffira pas « on est en dessous du niveau habituel, pour être vraiment rassurés il faudrait qu’il neige plus et qu’il n’y ait pas de canicule en mai-juin. »  

 

Des lacs déjà à sec depuis l’été dernier, Montbel est-il à sec à cause des écologistes ?

 

Car aujourd’hui la situation est pour le moins inquiétante, par exemple au lac de Montbel en Ariège quasi à sec ou sur le lac de Saint-Ferréol entre Tarn et Haute-Garonne. «  Montbel fait partie des réserves où on n'a pas assez de solutions de remplissage » ; « on a accumulé la sécheresse de l’été, peu de pluies en automne et en hiver, c’est inquiétant ». Conséquence : les agriculteurs vont devoir moins irriguer cet été car il faut garantir l’eau potable. « La question de la réalimentation du lac de Montbel est de plus en plus urgente » alors que des associations écologistes s’opposent depuis une dizaine d’années à une déviation du ruisseau le Touyre pour alimenter le lac ariégeois ; « ça reste un projet d’actualité » affirme, patient, Jean-Michel Fabre. Pris entre les agriculteurs irrigants et les écologistes dogmatiques, Jean-Michel Fabre plutôt favorable à la création d’une multiplicité de petites retenues, milite pour un point d’équilibre « il faut organiser la gestion, si on ne veut pas une guerre de l’eau. »  Il y a 4 ans un panel citoyen a proposé 130 mesures pour lutter contre la raréfaction de l'eau « on les a toutes prises » rappelle JMF.