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Phénomène inhabituel sur le littoral catalan : plus de 80 pingouins torda recensés entre Leucate et Cerbère

Si ce n'est pas rare de voir ces pingouins en hiver en Méditerranée, le Groupe Ornithologique du Roussillon s'inquiète de leur venue en nombre aussi tôt dans la saison, en plus d'une suspicion de cas de grippe aviaire. 

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30 novembre 2022 à 10h24 par John Bourgeois


Si cela peut paraître étrange de prime abord, il y a bien des pingouins du côté de la Méditerranée. Plus de 80 pingouins "torda" ont même été recensés sur les côtes des Pyrénées-Orientales ces derniers jours. Cette espèce assez rare, à bien différencier des manchots de la banquise, vit sur la côte atlantique, mais se déplace en hiver vers la Méditerranée. En revanche, sa présence en nombre sur le littoral catalan se constate bien plus tôt qu'à l'accoutumée. 

Des oiseaux aperçus vers les ports catalans

"Ce sont nos collègues de Catalogne Sud qui nous ont alerté parce qu'ils avaient un nombre d'observations inhabituel, pour ce mois de novembre, de pingouins torda près de leurs côtes", explique Yves Aleman, président du Groupe Ornithologique du Roussillon. C'est ainsi que l'association, qui oeuvre pour la protection de la nature, s'est mobilisée pour recenser ces oiseaux sur le littoral des Pyrénées-Orientales, et que plus de 80 pingouins ont été aperçus. Tous ont été observés vers les ports de la quasi totalité des communes de la côte roussillonaise, entre Port-Leucate et Cerbère. 

Chaque année, le pingouin torda migre bien plus tard dans l'hiver. Les effectifs peuvent parfois être importants, comme en décembre 2016, où plus de 100 pingouins avaient été observés au large de Torreilles. Sauf que cette saison, ils ont pris beaucoup d'avance. C'est ce qui intrigue en premier lieu Yves Allemand, qui l'explique potentiellement par de "violentes tempêtes dans le golf de Gascogne". Ces dernières auraient pu contraindre le migrateur à se déplacer plus rapidement. Cependant, un autre facteur de craintes est bien là : l'état constaté de ces pingouins. 

Yves Aleman, président du Groupe Ornithologique du Roussillon


Cinq pingouins retrouvés morts

Les observateurs sont alertés depuis une semaine par l'état dans lequel il retrouve chaque spécimen. Si certains vont bien, d'autres apparaissent "affaiblis", et certains sont même morts. Cinq pingouins torda ont été découverts sans vie dans les Pyrénées-Orientales (un autre du côté de l'Hérault). "Ce qui laisse à craindre une possible grippe aviaire, parce qu'il y a pas mal d'espèces d'oiseaux marins qui en ont été atteints cet été sur la façade atlantique, d'où est originaire notre pingouin", précise le président du Groupe Ornithologique du Roussillon. 

C'est désormais à l’Office Français de la Biodiversité de réaliser des analyses, pour conclure ou non à des cas de grippe aviaire. Les associations de protection des oiseaux, elles, continuent leur travail de recensement de ces pingouins. Si ce phénomène inhabituel venait à se répéter dans le temps, l'espèce pourrait être sérieusement menacée.

 

Yves Aleman

 

 


Crédit Photo : Groupe Ornithologique du Roussillon