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L'enfer du célibat pour les prêtres catholiques

Le mariage d'un prêtre la semaine prochaine relance le débat sur l'obligation de célibat pour les religieux. Emmanuel Gaudin a été ordonné à Albi puis détaché dans les Landes où il vit toujours. Il est aujourd'hui radié des rangs de l'Eglise catholique parce qu'il aime une femme.

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25 août 2022 à 13h45 par La Rédaction

Il a une foi indéfectible et pourtant, il ne pourra pas prêter serment devant Dieu samedi prochain. Emmanuel Gaudin est prêtre dans les Landes mais a d'abord été ordonné à Albi. En mars dernier, il a publiquement levé le voile sur un tabou : son histoire d'amour avec une paroissienne. Depuis l'Eglise l'a levé de ses fonctions de prêtre, il traverse donc une période difficile et ne souhaite d'ailleurs pas s'exprimer dans les médias. Cette situation douloureuse, plusieurs prêtres l'ont déjà vécu, c'est le cas de Bernard Chalmel, prêtre pendant trente ans dans le Lot-et-Garonne, puis violemment écarté de l'Eglise catholique lorsque le diocèse a découvert l'existence de ses deux enfants. Il compare cette épreuve à un deuil et avoue avoir eu des pensées suicidaires mais s'en est sorti grâce au soutien de celle qui est désormais devenue son épouse, Marie-Laurence.

Le choix cornélien de ces prêtres, déchirés entre l'amour de Dieu et l'amour pour leur compagne

Marie-Laurence Brunet-Chalmel est aujourd'hui présidente de l'association "Plein Jour" qui soutient les compagnes secrètes des prêtres mais aussi les religieux qui ont du mal à supporter leur célibat et surtout la solitude qui en découle. Elle parle d'une véritable hypocrisie au sein de l'Eglise catholique puisque selon son association, la moitié des prêtres aujourd'hui auraient des relations sexuelles, soit dans le cadre d'une relation exclusive, soit avec plusieurs partenaires. Pour elle, l'Eglise catholique "nie le corps et ses besoins affectifs et sexuels", ce qui parfois mène à de graves dérives : viols de religieuses et abus sexuels sur des mineurs.
L'association "Plein Jour" milite évidemment aussi pour la fin de cette obligation de célibat pour les religieux. Une loi instaurée par l'Eglise catholique au douzième siècle pour réguler les mœurs de ses abbés mais aussi pour des raisons financières : l'héritage de ces prêtres revenant systématiquement à l'Eglise. Les membres de l'association dénoncent donc une loi obsolète et qui surtout, ne figure pas textuellement dans la Bible.

L'enfer des prêtres, mais pas seulement...

La mission principale de l'association "Plein Jour" est d'offrir une écoute discrète et bienveillante aux compagnes secrètes des prêtres. Celles-ci se retrouvent dans une grande souffrance, soit coincée dans une relation clandestine pendant des années voire toute une vie, soit isolée et dans une position d'attente pour demeurée disponible à chaque visite du prêtre, quelque soit les horaires. Certaines tombent enceintes puisque la plupart de ces fervents serviteurs de Dieu sont opposés à la contraception. Ces futures mères sont donc souvent poussées à avorter, même si l'Eglise catholique se positionne clairement contre l'IVG. Si malgré tout ces femmes tiennent à garder l'enfant, elles finissent bien souvent seules pour en assumer les besoins. Certaines tentent tout de même de dénoncer le père de leur enfant au diocèse et se voient parfois proposer des contrats : une grosse somme d'argent pour s'éloigner de leur amant et surtout pour ne jamais rien révéler, ni même à l'enfant à venir.

Des enfants privés de père pour préserver les secrets de l'Eglise

Marie-Laurence Brunet-Chalmel et les membres de son association veulent donc pointer du doigt l'injustice de cette loi d'un autre âge et toutes les souffrances qu'elle engendre, des prêtres aux compagnes en passant par les enfants. Des situations très compliquées qui mènent aussi à des drames : secrets de famille, crises identitaires et suicides.

L'association "Plein Jour" fonde malgré tout beaucoup d'espoir dans le synode 2023 pour abroger cette obligation de célibat. C'est une assemblée d'évêques qui doit délibérer sur les problèmes rencontrés au sein de l'Eglise catholique. Des décisions sont attendues l'année prochaine.

 

Marion Chouly