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Déconfinement : vigilance accrue sur les pratiques addictives

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29 avril 2020 à 9h40 par John Bourgeois

Dans les Pyrénées-Orientales, une plateforme d'aide téléphonique sur les problématiques addictives a été lancée depuis le 1er avril. 80% des appels concernent une augmentation de la consommation d'alcool.


Cela fait maintenant presque un mois que plusieurs structures spécialisées (l’unité addictologie de l’hôpital de Perpignan, le CAARUD ASCODE de l’association Joseph Sauvy, le CSAPA du centre hospitalier de Thuir et le CSAPA-ANPAA) se sont coordonnées pour créer une plateforme téléphonique d’aide et d’écoute sur les problématiques d’addictologie.  Nommée "PACO", elle est joignable au 04 68 61 61 33, du lundi au vendredi de 13 h à 17 h sauf jours fériés. Après de nombreux appels, il en ressort que le confinement présente un risque accru dans les pratiques addictives. 

Premier motif d'appel : la consommation d’alcool

"Nous avons reçu sur notre plateforme téléphonique des appels qui concernent l'ensemble des substances psycho-actives... des appels pour l'alcool, les médicaments, la cocaÏne, l'héroïne, le cannabis" explique Sylvie Gipulo, directrice du centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogue (CAARUD ASCODE), géré par l’association Joseph Sauvy à Perpignan. Même si la typologie des usages est plutôt large, 80% des appels sur la plateforme concernent la consomation d'alcool.

"Pourquoi pendant le confinement ? Parce que l'alcool va répondre à de l'anxiété, de l'ennui pour certains, beaucoup de stress pour d'autres, ou au contraire une recherche de plaisir, de convivialité", précise Sylvie Gipulo. 
 

Sylvie Gipulo, directrice du CAARUD ASCODE à Perpignan

 

Parmi le reste des appels, un peu moins de 20% concernent la consommaton de cannabis pour des motifs "d'augmentation de sa consommation ou des appels de l'entourage qui s'inquiètent pour des jeunes qui consommeraient plus par manque de relation sociale", ajoute la directrice du CAARUD ASCODE. Le tabac ne représente lui que 5 % des sollicitations. 

60% des appelants ont déjà eu recours à une prise en charge addictologique

Une majorité des usagers connaissait les structures spécialisées, et avait déjà fait l'objet d'une prise en charge concernant leur pratique addictive. "C'est vrai que le confinement a entraîné pour eux des reprises ou des augmentations de consommation pour des personnes qui avaient réussi à stabiliser leur consommation". Pour le reste, soit 40% des appels, il s'agit de questionnements autour de nouvelles consommations régulières.
 

S. G.


Vigilance sur l'après-confinement 

Selon Sylvie Gipulo, deux phénomènes sont à surveiller pour l’étape du déconfinement. "Le premier sera lié aux personnes qui ont diminué leur consommation pendant le confinement. En phase de déconfinement, l'accès à nouveau possible à différentes substances psycho-actives peut générer des reconsommations. À contrario, pour ceux qui avaient surconsommé, il peut y avoir un certain nombre de difficultés sur un retour à la normale".

À chaque appel et dans son objectif d'accompagnement, la plateforme PACO a permis la proposition systématique de prise en charge pour les usagers. Mais le plus important selon la spécialiste en addictologie est "de pouvoir s'auto-évaluer et de mesurer quelles places ont réellement pris les consommations dans le quotidien, et surtout sa propre capacité à mettre en place un retour à la normale avec des consommations contrôlées."
 

S. G.