ActualitésTarn

Castres. Au Petit Train, les chats errants ont leurs anges gardiennes

Dans le quartier Laden Petit Train à Castres (Tarn), l'association «Les chats de l'ombre» nourrit, soigne et sort de la rue les chats errants du secteur. Depuis le début de l'activité, 72 félins ont pu être récupérés.

100%

14 juin 2022 à 14h22 par Axel Mahrouga

Le parking paraît désert, mais tapis dans les feuillages, tous n'attendent plus que le signal. À l'arrière de la pharmacie de la gare, quelques gamelles et emballages de viande en polystyrène sont soigneusement disposés aux quatre coins de l'aire de stationnement.

Cet après-midi, sacs de croquettes sous le bras, Anouck Macé et Cloé Milian, les deux fondatrices de l'association sont venues rassasier les félins, attirés par le tintement des friandises, encore dans leur sachet. « On a deux sacs de deux kilos, là, il y en a pour deux jours environ », précise Anouck.


Une barquette bien remplie, arrosée ensuite d'un vermifuge. « Je le mets directement sur la nourriture, On ne peut pas vraiment respecter les doses comme chez le vétérinaire, ce qui est un peu dommage. Mais au moins, on est sûres qu'ils sont à peu près vermifugés, pour éviter qu'ils se contaminent entre eux ». Pas le temps de plus d'explications, « on va se reculer, je crois que j'ai vu le gros rouquin », signale la fondatrice de l'association. Dans le buisson, deux grands yeux scintillent dans l'ombre des feuillages, près à sortir de sa cachette une fois la voie libre et déguster son festin.
 

72 chats sortis du quartier

Ce banquet à ciel ouvert, excentré de la circulation, les deux fondatrices l'ont patiemment crée au fur et à mesure de leurs rondes. Quand elles ne sont pas sur le quartier, c'est au téléphone ou sur les réseaux sociaux, qu'elles diffusent, suivent, font stériliser systématiquement et placent les chats récupérés dans des familles d'accueil ou à l'adoption.

C'est en janvier dernier que l'association «les chats de l'ombre» a, juridiquement, vu le jour. Mais dans les faits cela fait déjà depuis de nombreux mois que les félins qui ont élu domicile sur Laden Petit Train sont choyés. Depuis le début de leur action, ce sont 72 chats qui ont pu être placés. Il en resterait une dizaine vivant entre les immeubles.

Retour sur le parking. Une fois les sachets de croquettes vidés, c'est les yeux grands ouvert que les deux anges gardiennes traquent désormais d'éventuelles portées. En pleine saison de mise-bas, la ronde prend parfois des allures d'exercice de Parkour. « Il y a une minette qui a mis bas récemment et elle nous cache les petits dans des endroits improbables, soupire Anouck. Elle les cache sous les toits, dans les arbres. Elle les grimpe pour pas qu'on puisse les attraper.». Mais au bout du compte, « on réussit à les trouver à chaque fois », rigole Cloé.

Il leur faut ainsi jeter un œil aux gouttières, grimper près des tuiles des maisons de particuliers qui leur ont donné leur accord, se faufiler dans certains recoins du quartier. Mais aujourd'hui, pas de chaton à l'horizon.

« C'est pas dupont et dupont, nous c'est madames chats ! »

Un travail quotidien, très chronophage, qui demande à l'association un certain budget pour permettre à tous les chats errants de trouver du réconfort dans une gamelle bien pleine. Les familles d'accueil sont activement recherchées. L'association étant encore jeune, impossible encore de pouvoir compter sur des subventions de la mairie (NDLR : il faut au moins un an d'ancienneté, un système habituel des communes pour éviter les abus.). Alors pour continuer dès à présent leur travail, une cagnotte en ligne a été mise en place.

Mais en attendant d'avoir plus de moyens, l'association dispose d'une poignée de bénévoles et commence à pouvoir compter sur les habitants du quartier. À côté des gamelles de l'association, le kebab situé à proximité laisse volontiers des restes de repas à la disposition des félins. La pharmacie participe également. Certains particuliers complètent les rondes tôt le matin, certains jardins privés sont laissés à la disposition des animaux et les jeunes du quartier sont devenues des sentinelles. « Quand on se croise, ils nous disent à quel endroit ils ont vu les chatons, à quel endroit ils ont vu une maman blessée, un chat qui boite. Très honnêtement, sans eux, il y en aurait beaucoup qu'on n'aurait pas pu retrouver ».

A tel point que désormais dans le quartier, elles ont leur petit surnom. « C'est pas dupont et dupont, nous, c'est madames chats ! », plaisante Cloé.

Pour l'instant active surtout sur Laden Petit Train, l'association espère pouvoir étendre ses rondes à d'autres quartiers de Castres. Des projets à Lameilhé ou sur le lycée de la Borde-Basse sont à l'étude.